MĂ©thode de la Validation, ou la thĂ©rapie par lâempathie La Validation est une mĂ©thode dâaccompagnement des personnes ĂągĂ©es qui prĂ©sentent des signes de dĂ©sorientation. Conçue par Naomi Feil, cette mĂ©thode sâappuie sur des techniques de communication verbales et non verbales. Lâobjectif nâest pas tant de chercher Ă analyser les propos de la personne que de dĂ©velopper une relation de confiance avec celle-ci, afin de pouvoir lâaccompagner dans le respect de ses besoins et de son intĂ©gritĂ©, sans volontĂ© de contrĂŽle de la part de lâagent soignant. LâĂ©tablissement a formĂ© de nombreux agents soignants et services supports aux Bases de la mĂ©thode Naomi Feil 6 jours de formation. Cela permet Ă chacun de sâinvestir dans cette dynamique. Cinq soignantes ont Ă©galement Ă©tĂ© formĂ©es en tant que Praticiennes 14 jours de formation supplĂ©mentaires. Les Praticiennes ont pour mission dâaccompagner les Ă©quipes au quotidien dans le dĂ©ploiement de la Validation. Une journĂ©e par mois, elles travaillent au plus prĂšs des Ă©quipes avec lâutilisation de supports vidĂ©o. Voici les noms des Praticiennes de lâĂ©tablissement * Marina BABIN, InfirmiĂšre * Sylvie FROGER, Aide-Soignante * GaĂ«tane MORIN, Aide-Soignante * StĂ©phanie POIRIER , Psychologue * Nathalie BERNARD, Adjointe des cadres Les entretiens de Validation permettent de reconnaitre la personne en tant quâĂȘtre humain avec des besoins. Lâobjectif est de lui donner de la valeur et de donner du sens Ă un comportement qui nous pose question. Ainsi reconnu dans son besoin, le rĂ©sident en sera plus apaisĂ©. PrĂ©sentation de la Quelques ressources utiles si vous souhaitez en apprendre dâavantage⊠- Site officiel - Qui est Naomi Feil ? - Pour plus de dĂ©tails sur les techniques de communication employĂ©es - La Validation chez les personnes ĂągĂ©es atteintes de la maladie dâAlzheimer - Exemple dâun autre Ă©tablissement ayant formĂ© ses Ă©quipes Ă la Validation
Elleest aujourdâhui ĂągĂ©e de 82 ans, mais Naomi Feil, auteur de la Validation (approche des soins par la communication), est dâun dynamisme impressionnant. Pendant deux heures, oscillant
Objectifs - dĂ©couvrir en quoi consiste la Validation fondements thĂ©oriques et comprendre les diffĂ©rentes phases de l'Ă©tape de â rĂ©solution du passĂ© â, tels qu'ils sont dĂ©finis par naomi feil de la phase 1 oĂč la personne est orientĂ©e la plupart du temps, Ă la phase 4 oĂč la communication est Ă peine perceptible, - se former Ă la pratique de la Validation individuelle, intĂ©grer les techniques de communication adaptĂ©es Ă chacune de ces phases - se prĂ©parer au test Ă©crit et pratique, en vue d'obtenir la certification de niveau 1 de l'institut de formation Ă la validation VTI Descriptionprogramme Ă©tabli par l'institut de formation Ă la validation VTI module 1 - apprendre les postulats de base et les fondements de la Validation, - acquĂ©rir l'attitude de base de la Validation l'empathie, observer le non verbal, Ă©couter la personne ĂągĂ©e, - approfondir l'Ă©tude des Ă©motions de base, des besoins humains fondamentaux utiles dans la pratique, - apprendre Ă repĂ©rer les effets attendus de la Validation pour la personne ĂągĂ©e, pour le soignant. - acquĂ©rir par la pratique les techniques de communication employĂ©es dans la Validation, - Introduction aux 4 phases de la dĂ©sorientation, selon Naomi Feil, - apprendre Ă observer les troubles du comportement de la personne ĂągĂ©e dĂ©sorientĂ©e et Ă adapter nos attitudes, - apports thĂ©oriques sur la phase 1 la personne est orientĂ©e la plupart du temps, - dĂ©monstration pratique des techniques utilisĂ©es Ă ce stade. travail intersession rencontrer rĂ©guliĂšrement pour des sĂ©ances de Validation une ou plusieurs personnes ĂągĂ©es en phase 1. module2 - module 3 - module 4- module 5 - rĂ©vision de la thĂ©orie des phases 1, 2, 3 et 4 de la dĂ©sorientation, Ă partir des expĂ©riences Ă chaque module, approfondissement d'une phase et apports thĂ©oriques sur la phase suivante - retour d'expĂ©rience sur les pratiques de l'intersession, - dĂ©monstration pratique et exercices Ă propos des techniques utilisĂ©es dans les diffĂ©rentes phases. - jeux de rĂŽle. travail intersession entretiens avec une personne en phase 2, puis 3, puis 4. module5 test final en vue de la certification Conditions d'accĂšsAvoir accĂšs Ă une institution ou Ă un centre oĂč le participant pourra rencontrer des personnes ĂągĂ©es dites dĂ©mentes et mettre en pratique la Validation, entre chaque lâissue de la formationAttestation de formationRythmeTemps plein
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Naomi Feil et Vicki de Klerk animeront une journĂ©e de formation Ă Paris le 17 mars 2017, lâoccasion pour Naomi Feil de parler de la mĂ©thode de Validation quâelle a dĂ©veloppĂ©e il y plus de 50 ans. Cette journĂ©e dâĂ©tude est destinĂ©e aux aidants, professionnels, familiaux ou bĂ©nĂ©voles, qui accompagnent des personnes ĂągĂ©es dĂ©sorientĂ©es en perte dâautonomie. Objectifs de la journĂ©e dâĂ©tude Cette journĂ©e dâĂ©tude a pour objectif de permettre aux participants dâidentifier des aspects physiques, sociaux et Ă©motionnels qui engendrent les changements liĂ©s au vieillissement. Elle a Ă©galement pour vocation de dĂ©velopper un comportement professionnel ainsi quâune attitude bienveillante vis-Ă -vis de la personne ĂągĂ©e en perte dâautonomie en toutes circonstances. Programme de la journĂ©e dâĂ©tude Quâest-ce que la Validation? Le comportement spĂ©cifique au trĂšs grand Ăąge La sagesse du grand Ăąge Les principes de la Validation Les quatre phases de lâĂ©tape de RĂ©solution Une attitude de base lâEmpathie Identifier les diffĂ©rentes phases de la RĂ©solution Les caractĂ©ristiques de la âmal-orientationâ Les techniques verbales utilisĂ©es dans la Validation CaractĂ©ristiques de la âconfusion temporelleâ Les symboles RepĂ©rer le âsens prĂ©fĂ©rĂ©â Les techniques non verbales utilisĂ©es dans la Validation Exercices trouver la distance appropriĂ©e, Ă©tablir un contact oculaire et utiliser le ton de voix juste DiffĂ©rences entre maladie dâAlzheimer Ă dĂ©but prĂ©coce et dĂ©mence sĂ©nile Informations pratiques Date Vendredi 17 mars 2017 de 8h30 Ă 17h00 Lieu Théùtre des Feux de la rampe, 34, rue Richer â Paris 9e Inscription en ligne sur le site dĂ©diĂ© ou sur place le jour J dĂšs 8h00. > TĂ©lĂ©charger le programme de lâĂ©vĂšnement Interactions du lecteur
2899. TĂ©lĂ©charger. Validation Ein Weg zum VerstĂ€ndnis verwirrter alter Menschen - ebook (ePub) Naomi Feil (Auteur), Vicki de Klerk-Rubin (Auteur) Naomi Feil hat fĂŒr den Umgang mit desorientierten alten Menschen die Methode der Validation entwickelt. Validation akzeptiert den Menschen so, wie er ist.
Validation mode d'emploiLa mĂ©thode en pratiqueReliure BrochĂ©Nbr de pages 254Dimension 16 x 24 cmPoids 540 grISBN 10 2361100819ISBN 13 9782361100810 Sur commande ExpĂ©diĂ© sous 4 Ă 8 jours Paiements sĂ©curisĂ©sCB Google/Apple Pay, ChĂšque, Ă partir de 35⏠en France mĂ©tropolitaineSatisfait ou remboursĂ© sous 14 jours ouvrĂ©sLa thĂ©rapie par la "Validation" est un moyen de communiquer avec les grands vieillards dĂ©sorientĂ©s. Conçue aux Etats-Unis par Naomi Feil, et largement rĂ©pandue dans le monde, cette mĂ©thode consiste Ă "valider" les sentiments ou tes Ă©motions des personnes atteintes de dĂ©mence sĂ©nile de type Alzheimer. LĂ oĂč, face Ă des propos incohĂ©rents ou des comportements inadaptĂ©s, nous sommes tentĂ©s de rĂ©agir ou de nous opposer, la "Validation" s'attache Ă identifier, comprendre et approuver les sentiments et les besoins sous-jacents. Et cette dĂ©marche fondĂ©e sur l'empathie et la bienveillance peut Ă©clairer ta vie de ces patients. A travers des exemples concrets, l'auteur explique Ă tous ceux qui s'occupent de personnes ĂągĂ©es dĂ©sorientĂ©es comment Ă©viter les conflits et le stress en "validant" leurs sentiments plutĂŽt qu'en se focalisant sur leur dĂ©sorientation. Cette nouvelle Ă©dition est enrichie de nombreux cas pratiques se situant Ă diffĂ©rents niveaux de dĂ©mence. Ils illustrent parfaitement la mĂ©thode et permettent Ă ceux qui cĂŽtoient ces malades au quotidien, aussi bien les soignants que les proches, de prendre appui sur des situations vĂ©cues pour les rattacher Ă leur propre expĂ©rience. Depuis sa parution, l'ouvrage figure comme une rĂ©fĂ©rence auprĂšs des professionnels et des familles. Il est reconnu dans le monde entier comme un outil indispensable Ă une meilleure suivant ce lien, retrouvez tous les livres dans la spĂ©cialitĂ© le plus souvent achetĂ©s avecAvis clients Avis clients sur Validation mode d'emploi - pradel - Ils sont modĂ©rĂ©s par nos soins et rĂ©digĂ©s par des clients ayant achetĂ© l'ouvrageDonnez votre avis DerniĂšres parutions sur le mĂȘme thĂšme Livre Alzheimer et autres formes de demence Maladie d'AlzheimerLivre Quand les neurones ne rĂ©pondent plus Maladie d'AlzheimerLivre Alzheimer et odorat Maladie d'AlzheimerLivre Ateliers thĂ©rapeutiques dans la maladie d'Alzheimer et syndromes apparentĂ©s Maladie d'AlzheimerLivre Le Guide anti-Alzheimer Maladie d'AlzheimerLivre Alhzeimer, parkinson Maladie d'AlzheimerLivre Au coeur d'Alzheimer Maladie d'AlzheimerLivre Alzheimer prĂ©coce Maladie d'AlzheimerLivre Alzheimer, une vie pleine de dĂ©fis Maladie d'AlzheimerLivre La tĂȘte qui tourne et la parole qui s'en va Maladie d'Alzheimer
Lesoutils Se centrer Observer et Calibrer, sâajuster, se synchroniser, sâaccorder Reformuler Se mettre au diapason de lâautre, se mettre au pas de lâautre 9 Les outils Poses des questions
Ecrit par Entrelacs sur 26 juillet 2015. PubliĂ© dans Autres vidĂ©os inspirantes, Vieillesse Naomi Feil, une thĂ©rapeute juive, utilise des chants chrĂ©tiens pour rejoindre une vieille femme atteinte de la maladie dâAlzheimer qui ne peut plus parler, retirĂ©e dans son monde intĂ©rieur. Naomi Feil a dĂ©veloppĂ© la Validation, une technique de communication avec les personnes atteintes dâ en savoir plus La Validation, mode dâemploi » de Naomi Feil, Ed. Pradel La mĂ©thode de Naomi Feil Ă lâusage des familles », la Validation pour garder le lien avec un proche ĂągĂ© dĂ©sorientĂ©, de Vicky De Klerk-Rubin, Ed. LamarrePour voir la vidĂ©o, lire la suite.
Dansce livre, Naomi Feil nous expose les principes fondateurs de sa méthode, la ValidationTherapy, basée sur une attitude empathique, respectueuse et authentique envers le vieillard désorienté.Reconnue et utilisée dans le monde entier, la Validation de Naomi Feil est une méthode d'accompagnement pour les personnes ùgées atteintes de la maladie d'Alzheimer ou
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Bonjour je suis en retho et je fais mon tfe sur la communication avec une personne atteinte de la maladie d'alzheimer et je pense que je vais centrer mon travail sur la méthode de la validation de Naomi Feil, mais je ne suis pas encore trÚs sur. je suis au début de mon travail et j'aimerais savoir si quelqu'un ne saurait pas m'aider ou me proposer des livres ou des articles
1 La vieillesse a toujours eu deux visages, Ă la fin du XXe siĂšcle ces deux images sont celles du vieux flamboyant » et celle du vieux dĂ©pendant ». Les premiers sont intĂ©grĂ©s Ă la vie sociale oĂč ils agissent activement, en consommateurs avertis. Les seconds sortent de la vie sociale pour entrer dans la dĂ©pendance du secteur mĂ©dicosocial »; ils perdent progressivement leur autonomie et risquent fort dây perdre Ă©galement leur dignitĂ©. Tel serait en particulier le sort promis aux personnes atteintes de maladies dĂ©mentielles. 2 Le regard sur la vieillesse plus difficile de ces aĂźnĂ©s, dont les performances physiques, mais surtout intellectuelles, sont devenues infĂ©rieures aux normes imposĂ©es pour vivre en sociĂ©tĂ©, devient de plus en plus un regard mĂ©dical. 3 La dĂ©finition de la dĂ©mence sĂ©nile » met certes lâaccent sur le processus dĂ©gĂ©nĂ©ratif organique acquis, dĂ©ficitaire, progressif et incurable. La clinique constate une mĂ©moire qui sâefface, un langage et une pensĂ©e consciente qui se dĂ©structurent. Pourtant, Ă lâinstar de nombreux cliniciens tels que Jean Maisondieu [1], Pierre Guillet [2], Jean-Marie LĂ©ger [3], Marion PĂ©ruchon [4] et MichĂšle Grosclaude [5], nous avons recueilli des observations oĂč une vie psychique significative se laisse percevoir par instants. Au-delĂ de ces dĂ©ficits, nous observons des manifestations verbales et non verbales, qui tĂ©moignent de la permanence dâune vie psychique et affective, support de lâidentitĂ© du sujet François Blanchard [6], [7], Louis Ploton [8], [9] . 4 Face Ă ces paradoxes, il nous paraĂźt utile de nous interroger Ă propos du regard que nous accordons aux plus fragiles et Ă la place que nous faisons Ă ces vieux quâon dit dĂ©ments. 5 AprĂšs un rappel du cadre historique, nous nous interrogerons sur la possibilitĂ© dâune relation Ă cet autre qualifiĂ© de dĂ©ment, et sur la construction dâune relation thĂ©rapeutique. Pour cela nous dĂ©velopperons plus particuliĂšrement la mĂ©thode de Validation de Naomi Feil. LA VIEILLESSE UNE HISTOIRE ANCIENNE LA DĂMENCE UNE HISTOIRE RĂCENTE LâEXCLUSION DU VIEILLARD 6 LâambiguĂŻtĂ© vis-Ă -vis de la vieillesse nâest pas nouvelle. Comme le mentionne Jean-Pierre Bois [10] dans son ouvrage Les vieux, de Montaigne aux premiĂšres retraites » Depuis Platon et Aristote, CicĂ©ron et Saint Thomas dâAquin, la vieillesse a engendrĂ© beaucoup dâimages et de rĂ©flexions, Ă toutes les Ă©poques et dans tous les genres, du dĂ©nigrement le plus facile aux apologies les moins rĂ©alistes». 7 Les vieux, en tant que groupe social, apparaissent plus clairement Ă la fin du XVIIIe siĂšcle lorsque la sociĂ©tĂ© connaĂźt un vĂ©ritable bouleversement avec la montĂ©e de la classe ouvriĂšre. Pour lâimmense majoritĂ©, le statut social nâest plus liĂ© au rĂ©gime de la propriĂ©tĂ© mais Ă lâexercice dâun mĂ©tier. Il nâest pas rare de voir se profiler, pour le vieux nâayant plus ni propriĂ©tĂ© ni force de production, une mise en marge symbolique mais aussi bien rĂ©elle, non seulement de la sociĂ©tĂ©, mais Ă©galement du milieu familial. 8 Au XVIIe siĂšcle, un observateur du Revermont dans le Jura rĂ©sume bien ce type de situation Quelquefois le sort des parents qui se dĂ©pouillent par tendresse en faveur de leurs enfants est digne de pitiĂ© par le peu dâĂ©gards quâils obtiennent lorsquâon nâattend plus rien dâeux. Les traitements quâils obtiennent semblent leur rĂ©pĂ©ter Ă chaque instant quâils sont devenus Ă charge et quâil est temps quâils finissent une vie inutile. » Gutton [11] . 9 Notons que ces pratiques dâexclusion nâont pas attendu la rĂ©volution industrielle. Bien des textes font mention dâabandon du parent ou parfois Ă lâextrĂȘme de meurtre. Ces pratiques, officieusement acceptĂ©es, le sont dâautant plus lorsque le parent peut ĂȘtre qualifiĂ© de fou ». 10 DĂšs le Moyen-Ăge, ces ĂȘtres affligĂ©s de pauvretĂ© par lâĂąge doublĂ©e de pauvretĂ© par sĂ©nilitĂ© » F. Blanchard [12] , incapables dâassurer leur subsistance, ne trouvent plus guĂšre de place que dans les institutions dâassistance. Et au fil des siĂšcles des Ă©tablissements fleurissent pour rĂ©pondre Ă ce besoin croissant. Au XIXe siĂšcle, il nâest pas de grande ville qui nâait son hospice de vieillards » Bois [13] . 11 Comme lâa montrĂ© Michel Foucault dans Histoire de la Folie » et Surveiller et Punir », il ne sâagit pas seulement de secourir ces vieillards, mais Ă©galement de les exclure avec les autres marginaux de la sociĂ©tĂ© dans ces hospices qui sont autant des lieux dâenfermement que des lieux de soins. LA DĂMENCE, UNE NOTION JURIDIQUE ⊠12 Que le vieillissement puisse sâaccompagner de troubles de lâesprit est connu dĂšs lâantiquitĂ©, mais cela a inquiĂ©tĂ© les juristes bien avant les mĂ©decins. 13 Solon, en 500 avant JĂ©sus-Christ, avait dĂ©fini les altĂ©rations du jugement liĂ©es au trĂšs grand Ăąge comme des conditions pour lesquelles la volontĂ© se retrouverait ĂȘtre nulle et non avenue, en particulier pour permettre dâinvalider un testament. 14 Platon, en 350 avant JĂ©sus-Christ, reconnaĂźt quâun Ă©tat de folie ou de maladie, sous lâinfluence de lâĂąge extrĂȘme, peut rendre excusables certains crimes comme le sacrilĂšge, la perfidie ou la haute trahison. 15 Le nom mĂȘme donnĂ© Ă cet Ă©tat DĂ©mence SĂ©nile », qui survivra jusquâĂ nos jours, est nĂ© dans ce contexte juridique; Ă©tymologiquement Des » et Mens » privĂ© de raison, sans pensĂ©e, hors de lâesprit. Cela marquera trĂšs longtemps le sort des personnes atteintes de ce trouble. ConsidĂ©rĂ©es plutĂŽt comme exclues de la communautĂ© humaine que comme des malades. ⊠AVANT DâĂTRE MĂDICALE 16 En effet, lâhistoire mĂ©dicale de la maladie dĂ©bute beaucoup plus tard. Hippocrate, contemporain de Platon, nâa pas rĂ©ussi Ă inclure les dĂ©sordres dĂ©mentiels dans sa nosologie. Et, mĂȘme si Areatus de Cappadoce, au XIIe siĂšcle aprĂšs JĂ©sus-Christ, cite la vieillesse comme une des causes possibles de folie, il faudra attendre le XIXe SiĂšcle pour quâEsquirol dĂ©gage le concept de dĂ©mence des notions plus gĂ©nĂ©rales dâarriĂ©ration mentale ou de folie. En 1838, il fait la premiĂšre description clinique prĂ©cise de la dĂ©mence avec ses troubles de la mĂ©moire et ses modifications du jugement, concluant que le dĂ©ment est un riche devenu pauvre alors que lâidiot ou lâarriĂ©rĂ© mental a toujours Ă©tĂ© pauvre ». 17 Le dĂ©but du XXe siĂšcle avec lâapplication des mĂ©thodes anatomocliniques, a Ă©tĂ© une pĂ©riode fertile pour la connaissance de cette maladie. 18 En 1892 Blocq et Marinesco observent pour la premiĂšre fois les plaques sĂ©niles que Redlich, en 1898, rattachera Ă la dĂ©mence sĂ©nile. 19 Klippel et Lhermitte sont les premiers en 1905 Ă distinguer les dĂ©mences avec lĂ©sions vasculaires des dĂ©mences sĂ©niles pures oĂč lâon retrouve ces plaques sĂ©niles. 20 En 1907, AloĂŻs Alzheimer publie lâhistoire clinique dâune malade ĂągĂ©e de 51 ans dĂ©cĂ©dĂ©e aprĂšs une Ă©volution progressive de 4 ans et 6 mois dans un grand tableau dĂ©mentiel avec dĂ©sorientation et hallucinations. Dans son Ă©tude histologique, il montre lâexistence de conglomĂ©ras intra-neuronaux de fibres anormales co-existant avec des plaques sĂ©niles. A cette premiĂšre description histologique complĂšte de la maladie dĂ©mentielle il donne un nom la dĂ©gĂ©nĂ©rescence neuro-fibrillaire. 21 Kraepelin, en 1910, dans son manuel de psychiatrie donne le nom de maladie dâAlzheimer Ă la dĂ©mence prĂ©-sĂ©nile dĂ©gĂ©nĂ©rative, maladie rare, dĂ©butant avant 65 ans. 22 Il faudra attendre 1968 pour que Thomlinson, Blessed et Roth, examinant un groupe de cerveaux de patients ĂągĂ©s de plus de 65 ans et ayant une maladie dĂ©mentielle, dĂ©montrent lâunicitĂ© du processus quel que soit lâĂąge; ils peuvent conclure que la majoritĂ© des maladies dâAlzheimer surviennent aprĂšs 70 ans. 23 En 1977 a lieu Ă Londres le premier congrĂšs mondial sur la maladie dâAlzheimer et les autres dĂ©mences sĂ©niles; cette date coĂŻncide aussi avec la prise de conscience dĂ©butante quâil sâagit dâun rĂ©el problĂšme de SantĂ© Publique. Lâopinion commence Ă ĂȘtre sensibilisĂ©e. 24 On assiste depuis Ă un paradoxe Ă©tonnant. Les progrĂšs scientifiques dans la comprĂ©hension des mĂ©canismes des maladies dĂ©mentielles sont Ă©vidents; elle se base sur une meilleure localisation des atteintes neurologiques, en particulier par les techniques dâimagerie et sur une meilleure comprĂ©hension des mĂ©canismes neuro-chimiques et neuro-gĂ©nĂ©tiques. La nosographie sâaffine, les classifications sont plus prĂ©cises. Les neurosciences sâintĂ©ressent Ă lâappareil bio-anatomique et aux fonctions cognitives mais ne disent rien de la vie psychique au sens Freudien L. Ploton [14] . Ce nâest pas leur objet dâĂ©tude. ParallĂšlement Ă ces progrĂšs, dans les connaissances, les techniques de soins et de prise en charge sâamĂ©liorent pour les malades qui en bĂ©nĂ©ficient. Or, dans le mĂȘme temps, la reprĂ©sentation sociale de ces maladies se dĂ©grade, lâangoisse et la peur augmentent et deviennent plus prĂ©gnantes dans le public, mais Ă©galement auprĂšs de bon nombre de professionnels de santĂ©. Aux mots sĂ©nilitĂ© ou gĂątisme dâautrefois, on a substituĂ© le mot dâAlzheimer porteur de fantasmes, globalisant tous les troubles de la mĂ©moire, mĂȘme les simples ralentissements psychiques chez les sujets ĂągĂ©s alors que tout trouble de la mĂ©moire ne tĂ©moigne pas dâune maladie de la mĂ©moire et toutes les maladies de la mĂ©moire ne sont pas des maladies dâAlzheimer. 25 Notre sociĂ©tĂ© de plus en plus basĂ©e sur la performance, tend Ă Ă©carter de son champ tous les sujets fragilisĂ©s; et dans son fantasme de toute puissance elle confie aux savants la recherche dâune solution pour supprimer la maladie et aux soignants la tĂąche tout aussi impossible de supprimer toute souffrance physique ou morale. Cette sociĂ©tĂ© est hantĂ©e par la peur de la vulnĂ©rabilitĂ© et de la mort quâelle cache ou quâelle nie. Or, lâĂ©tymologie du terme de dĂ©mence Ă©voquant la mort de lâesprit Ă©taye la reprĂ©sentation du dĂ©ment comme mort vivant » Maisondieu [15] . Une autre hypothĂšse serait que la dĂ©mence dâAlzheimer, maladie de la mĂ©moire et de lâorientation serait une reprĂ©sentation mĂ©taphorique dâune sociĂ©tĂ© qui cherche Ă abolir le temps et doit sans cesse lĂ©gifĂ©rer, construire des mausolĂ©es pour ne pas oublier le passĂ© tant celui-ci est rapidement frappĂ© dâobsolescence. 26 Ce rappel historique peut nous Ă©clairer sur la reprĂ©sentation lĂ©guĂ©e par les gĂ©nĂ©rations prĂ©cĂ©dentes et son incidence sur le comportement actuel vis-Ă -vis du vieillard jugĂ© inutile, ce vieux qui fait peur, ce vieux auquel nous ne voulons en aucun cas ressembler et quâil est parfois plus simple dâoublier; ce vieux dit dĂ©ment. Au seuil de ce nouveau millĂ©naire nous pouvons aussi nous interroger sur lâhĂ©ritage que nous laisserons aux gĂ©nĂ©rations futures. Cette population vieillissante, certes globalement en bonne santĂ©, se montre dĂ©sireuse dâune Ă©ternelle jeunesse mĂȘme au prix de lâoubli de son passĂ©, prĂȘte Ă refouler », Ă exclure les plus fragiles, en particulier sâils perdent la raison. Ainsi le malade dĂ©ment est dâun cĂŽtĂ© victime de projections sociales dĂ©valorisantes et de fantasmes angoissants et dâun autre cĂŽtĂ© objet dâĂ©tude par une science qui dĂ©taille ses lĂ©sions et le rĂ©duit trop souvent Ă la somme de ses dĂ©ficits. PlacĂ© en institution il est ballottĂ© entre lâoubli oĂč il disparaĂźt et lâexcĂšs oĂč Ă trop le panser on pense pour lui. Il risque alors, privĂ© de son humanitĂ©, de disparaĂźtre en tant que sujet, câest-Ă -dire en tant quâĂȘtre de parole. LA RELATION COMME CLĂ DES SENS 27 Charlotte Herfray [16] dit Ă propos du trĂšs grand Ăąge Le soutien dâautrui sâavĂšre, en ces temps, une des choses les plus nĂ©cessaires. Le sujet appelle Ă lâaide comme il peut, mais câest souvent un appel muet, et peu dâinterlocuteurs sont en mesure dâentendre cet appel et de donner de leur temps». 28 Le sujet humain ou parlĂȘtre » parole-ĂȘtre selon le nĂ©ologisme de J. Lacan serait LâĂȘtre qui habite le langage, sans toujours parler» Sauret [17] tel le muet, lâaphasique, voire parfois lâenfant ou⊠le dĂ©ment. Car, si la dimension humaine du sujet se rĂ©alise dans un bain de langage, en outre par son corps mĂȘme le sujet Ă©met une parole» J. Lacan [18] . En ce sens, Françoise Dolto disait tout est langage» [19] entendant par langage, le pouvoir de symboliser par des mots ou des actes, et de dĂ©signer ainsi des choses en leur absence. 29 En tout cas il sâagit bien de la nĂ©cessitĂ© pour lâHomme de rester reliĂ© Ă lâAutre. Cet autre qui par la relation proposĂ©e lui signifie sa propre humanitude humain en Ă©volution. La relation ainsi envisagĂ©e est toujours une inter-relation. Elle ne se satisfait pas du virtuel, elle est toujours de lâordre de la rencontre entre deux sujets, deux histoires et deux souffrances. Comme nous le rappelle Emmanuel Levinas Câest en tant que prochain que lâhomme est accessible» [20]. 30 En dĂ©pit de lâĂ©vidente part organique dans la maladie dâAlzheimer, de tels Ă©clairages ne peuvent nous laisser indiffĂ©rents quant Ă la possibilitĂ© dâune relation authentique avec le dĂ©ment. Ils nous invitent Ă une clinique et Ă une recherche active de paradigmes opĂ©rant dans le registre de la relation Ă lâautre. 31 Certes, comme nous lâavons vu, la confrontation au dĂ©ment dans sa vulnĂ©rabilitĂ© rĂ©veille des angoisses quasi ataviques elle touche aussi Ă la non-consistance de nos fantasmes de toute puissance et Ă©branle notre illusion dâimmortalitĂ© ; dans la mesure oĂč lâhumain ne sâoffre quâĂ une relation qui nâest pas un pouvoir» [21]. DĂšs lors oserons-nous ne pas dĂ©tourner le regard et prendrons-nous le risque de la relation sans pour autant devenir ni infantilisants ni insensibles. 32 Dâailleurs, Ă trop vouloir nous protĂ©ger ne risquons-nous pas simplement de nous perdre nous-mĂȘmes ? En somme, proclamer, voir lâautre comme un humain, nâest-ce pas faire la dĂ©claration de notre propre humanitĂ© ? 33 Mais alors, comment Ă©tablir et maintenir cette relation avec le sujet dĂ©ment ? Comment en apprĂ©hender les modalitĂ©s concrĂštes ? Il sâagit pour nous de nous remettre Ă lâĂ©coute du patient, des proches, des soignants; de rĂ©apprendre Ă voir, Ă entendre et Ă ressentir. Il sâagit dâaccueillir ce que disent ceux qui tous les jours sont longuement auprĂšs dâeux et de considĂ©rer tous ces tĂ©moignages et les conduites des proches sous un Ă©clairage plus systĂ©mique que nosologique. 34 A mesure que nous nous employons Ă mieux connaĂźtre ces patients, un sens semble se laisser entrevoir au travers de leurs comportements et de leurs propos. MĂȘme si les messages des dĂ©ments sont malaisĂ©s Ă dĂ©coder tant ils sont dĂ©routants et imprĂ©visibles, en aucun cas nous ne pouvons esquiver la question de leur dignitĂ© humaine, ni celle de leur qualitĂ© de vie et des espaces de libertĂ© qui leur sont accordĂ©s. 35 Nous nous devons de prĂ©server Ă tout prix lâidentitĂ© de la personne dĂ©sorientĂ©e, dâen ĂȘtre les garants face Ă elle-mĂȘme, Ă sa famille et Ă lâinstitution, en considĂ©rant chacun au-delĂ des apparences comme un ĂȘtre Ă part entiĂšre, unique avec son histoire singuliĂšre. 36 VoilĂ une premiĂšre clĂ©, pour orienter nos diverses pratiques et nous donner les prĂ©mices dâune Ă©laboration thĂ©orique. 37 Affirmer lâexistence dâune vie psychique de la personne ĂągĂ©e dĂ©mente quel que soit son Ă©tat de dĂ©sorganisation, postuler sur cette vie affective et Ă©motionnelle alors que les moyens de lâexprimer font dĂ©faut, permettraient de faire fonctionner cette clĂ©. LE BILAN DE LA VIE UNE TĂCHE Ă ACCOMPLIR 38 Nous postulons que lâĂąge extrĂȘme de la vieillesse peut revĂȘtir un sens. Sur le plan social, la personne trĂšs ĂągĂ©e jouerait un rĂŽle spĂ©cifique mais ce qui nous intĂ©resse ici est que sur le plan personnel elle aurait une tĂąche Ă accomplir faire le bilan de sa vie. 39 Selon Boris Cyrulnik [22] citant Butler le ârĂ©examen de la vieâ a Ă©tĂ© proposĂ© Ă titre psychothĂ©rapeutique pour les ĂągĂ©s. Il sâagit dâun processus mental qui, quelle que soit la culture, se manifeste naturellement par le retour progressif Ă la conscience des expĂ©riences passĂ©es, notamment la rĂ©surgence de conflits non rĂ©solus .... Pour les ĂągĂ©s, câest toujours aujourdâhui ». 40 Or, depuis Sigmund Freud, nous savons que les affects, surtout inconscients, sont dĂ©terminants. Ses observations sur les hystĂ©riques », nous semblent Ă©galement pertinentes pour les dĂ©ments Non seulement ils se souviennent dâĂ©vĂ©nements douloureux passĂ©s depuis longtemps, mais ils y sont encore affectivement attachĂ©s; ils ne se libĂšrent pas du passĂ© et nĂ©gligent pour lui la rĂ©alitĂ© et le prĂ©sent » [23]. 41 FrĂ©derick Perls [24] a montrĂ© que dans lâexpression Ă©motionnelle de lâici et maintenant il y a lâhistoire du sujet; lâexpression de cette Ă©motion actuelle mais rattachĂ©e a des souvenirs a un effet libĂ©rateur et structurant M. Petit [25] . 42 Et Carl Gustav Jung [26] ajoute que LâexpĂ©rience passĂ©e, psychiquement non signifiĂ©e, peut ĂȘtre reprise en compte Ă lâoccasion dâexpĂ©riences ultĂ©rieures quâelle influence et qui lui confĂšrent en retour, une signification quâĂ lâorigine on nâavait pu trouver». 43 Enfin, selon le psychanalyste amĂ©ricain Erik Erikson [27], lâhistoire personnelle est faite de crises organisatrices, dĂ©sorganisatrices et rĂ©organisatrices. Il propose une thĂ©orie des tĂąches de vie, qui reprĂ©sentent les Ă©tapes du dĂ©veloppement humain; une tĂąche non accomplie pouvant ĂȘtre reprise, rejouĂ©e dâun Ăąge Ă lâautre de la vie. 44 Pour accompagner ce processus, lâattitude de lâinterlocuteur semble dĂ©terminante afin de faciliter le travail intra-psychique. Et selon Carl Rogers [28], lâattitude adĂ©quate serait non directive et non jugeante pour permettre au sujet de se sentir en confiance et reconnu. 45 Naomi Feil [29], [30] propose, elle, une conception de la pĂ©riode ultime de la vie qui lui confĂšre un sens. Pour ceux quâelle appelle les old-old » , il sâagirait de passer en revue les bons moments et les moments difficiles de leur existence pour traiter les conflits non rĂ©solus du passĂ©. Ce dernier travail leur permettant de retrouver leur intĂ©gritĂ© psychique en reconsidĂ©rant lâhistoire de leur vie pour y mettre de lâordre avant de mourir. 46 De nombreuses observations relevĂ©es durant plusieurs annĂ©es de pratiques cliniques nous permettent de corroborer cette hypothĂšse de Naomi Feil. LA VALIDATION UNE APPROCHE DU POSSIBLE 47 La Validation se prĂ©sente donc comme une approche permettant de communiquer avec les personnes trĂšs ĂągĂ©es en perte dâautonomie physique et pour lesquelles a Ă©tĂ© posĂ© le diagnostic de dĂ©mence de type Alzheimer ou autre. 48 Cette mĂ©thode repose sur trois principes une thĂ©orie, basĂ©e sur le concept de dĂ©veloppement humain au travers de tĂąches de vie, une pratique, faisant appel Ă divers outils de la communication verbale et non verbale, une attitude, lâempathie, que lâon pourrait dĂ©finir comme une qualitĂ© dâĂ©coute permettant de rejoindre lâexpĂ©rience Ă©motionnelle de lâautre et de lâaccompagner. 49 1. Sur le plan thĂ©orique, Naomi Feil, reprenant les travaux dâErik Erikson, y ajoute une tĂąche ultime propre aux personnes trĂšs ĂągĂ©es, quâelle nomme RĂ©solution ». Elle considĂšre que la personne trĂšs ĂągĂ©e y entreprend la relecture de sa vie et en fait le bilan. 50 Tout se passerait comme si, au seuil de la mort, avec lâintelligence de sa psychĂ© profonde et presque malgrĂ© lui, un ĂȘtre humain reconsidĂ©rait lâensemble de sa vie. 51 Le vieillissement somatique entraĂźnant un affaiblissement des perceptions visuelles, auditives, une diminution de lâattention et une restriction de la mobilitĂ©, les relations au monde extĂ©rieur et les stimulations psychosociales sâaffaiblissent, conduisant la personne ĂągĂ©e Ă rentrer dans sa coquille ». Et les expĂ©riences sur lâisolement sensoriel ont Ă©tabli comment, dans de telles conditions, lâimagerie mentale interne se renforce, permettant au grand vieillard ce retour en lui-mĂȘme. 52 Le vieux dĂ©ment ferait ainsi Ă sa maniĂšre un retour actif, bien quâimaginaire, sur sa vie passĂ©e. Les fonctions cognitives qui filtrent et contrĂŽlent les Ă©motions Ă©tant altĂ©rĂ©es, il exprime ses affects Ă temps et Ă contre temps, quâil soit compris ou non. Et ce processus rĂ©veille en chaĂźne des Ă©motions plus anciennes A travers ses Ă©motions, le vieillard vole dâĂąge en Ăąge. Dans un souci perpĂ©tuel de laisser une maison propre, les personnes ne cessent de mettre de lâordre dans leurs Ă©motions » [31]. 53 Mais, quand la souvenance sâenlise dans ces orniĂšres de la mĂ©moire que sont toutes les blessures secrĂštes accumulĂ©es durant lâexistence, comme le bras de lâĂ©lectrophone qui relirait encore et encore le mĂȘme sillon rayĂ©, la personne ĂągĂ©e retourne sans cesse Ă ses blessures sans pouvoir sâen libĂ©rer. 54 Le fossĂ© qui la sĂ©pare de la rĂ©alitĂ© se creuse et sâĂ©largit, laissant apparaĂźtre les troubles que le professionnel pourra rattacher au diagnostic de dĂ©mence sĂ©nile de type Alzheimer. Et progressivement, le repli complet de lâĂ©tat vĂ©gĂ©tatif sâannoncera comme le terme dâun long et douloureux parcours pour la personne ĂągĂ©e et pour ses proches. 55 Naomi Feil observe, identifie et dĂ©crit quatre stades plus ou moins successifs durant cette Ă©tape dite de rĂ©solution la mal orientation, la dĂ©sorientation, les mouvements rĂ©pĂ©titifs et lâĂ©tat vĂ©gĂ©tatif; chacun caractĂ©risĂ© par des attitudes et des comportements spĂ©cifiques. 56 Ainsi, elle propose de voir des comportements tels que la dĂ©ambulation, la kleptomanie, les cris rĂ©pĂ©titifs, etc., comme des manifestations verbales et non verbales qui nous renseignent sur la vision du monde de la personne, plutĂŽt que de les considĂ©rer comme pathologiques. Elle postule que ces manifestations sont pertinentes par rapport Ă lâhistoire du sujet, fussent-elles inadaptĂ©es Ă lâenvironnement prĂ©sent. Et elle formule une sĂ©rie dâhypothĂšses quant aux raisons pour lesquelles ces personnes agissent comme elles le font. 57 Or, dans la mesure oĂč les sciences de la matiĂšre nous ont enseignĂ© que le point de vue de lâobservateur modifie le phĂ©nomĂšne observĂ©, accepter des hypothĂšses selon lesquelles le comportement singulier de la personne peut contracter du sens devrait modifier la conduite de lâobservateur / intervenant et donc la nature et la qualitĂ© de lâinteraction. 58 Quand Madame D. entasse pĂȘle-mĂȘle quelques affaires dans sa valise ouverte sur son lit et jette deux ou trois objets Ă terre. InterprĂ©ter cela comme une tentative de fugue, lâenfermer et lui prendre sa valise, la jetterait probablement dans un mutisme dĂ©sespĂ©rĂ©. Alors quâil suffirait peut-ĂȘtre de prĂȘter lâoreille aux propos quâelle marmonne Cette femme, quâest-ce quâelle va emporter avec elle lorsque la mort viendra bientĂŽt la chercher ?». MĂ©taphoriquement, elle tente peut-ĂȘtre de faire le tri dans ses souvenirs et de faire sa valise avant le grand dĂ©part⊠59 Dâautres fois, il peut sâagir simplement de revivre des plaisirs passĂ©s ou de rĂ©activer des souvenirs sensoriels pour soulager lâennui, le stress et repousser des sentiments douloureux dâinutilitĂ© et de solitude. 60 2. Les techniques de communication proposĂ©es par Naomi Feil sâinspirent quant Ă elles de la systĂ©mique et des travaux de lâEcole de Palo Alto G. Bateson [32], E. Hall [33], P. Watzlawick [34] , de la relation dâaide selon Carl Rogers [35], de la programmation neurolinguistique R. Bandler et J. Grinder [36] ... 61 Ces techniques sont des outils indispensables pour permettre Ă lâaccompagnant de tendre des passerelles vers la personne dĂ©sorientĂ©e. En effet, la thĂ©orie ne suffit pas pour rejoindre lâautre dans son modĂšle du monde », dans sa rĂ©alitĂ© subjective et affective et pour lâaccompagner tout en gardant de justes frontiĂšres. 62 Les outils doivent permettre de maintenir une relation significative et un Ă©change rĂ©el, mĂȘme en lâabsence de sens explicite. 63 Pour cela, notre emprise cognitive sur la rĂ©alitĂ© et la cohĂ©rence de lâinformation prĂ©tendue objective doivent cĂ©der le pas au partage dâune matiĂšre plus Ă©mouvante, en un mot plus Ă©motionnelle, constitutive de la rĂ©alitĂ© subjective de lâautre. La rĂ©alitĂ© de la relation parle de notre humanitĂ© commune et prime sur lâexigence de performances intellectuelles. 64 3. LâĂ©coute empathiqueenfin, est le troisiĂšme maillon de la chaĂźne et câest aussi celui qui fait fonctionner et anime les deux autres. 65 Lâempathie suppose la capacitĂ© dâaccepter sans a priori tout ce quâexprime lâautre comme une manifestation de sa maniĂšre originale dâĂȘtre au monde en cet instant. Le seul objectif entrer en communication avec lui dâĂȘtre humain Ă ĂȘtre humain. Pour ce faire, le mensonge et le rappel de la rĂ©alitĂ© objective du moment ne peuvent ĂȘtre admis. 66 En ce sens cela sâapparente au non-jugement, au non-savoir, au non-pouvoir sur lâautre; peut-ĂȘtre sâagit-il simplement dâĂȘtre prĂ©sent, comme un tĂ©moin bienveillant et attentif. 67 PlutĂŽt que de se focaliser sur les dĂ©ficiences et les manques, lâaccompagnant cherchera Ă percevoir la fonction de la demande, pour tenter de prendre en compte le besoin qui la sous-tend. 68 Toutefois, si les techniques de Validation nous paraissent adaptĂ©es Ă lâaccompagnement des grands vieillards atteints de dĂ©mence et semblent bien rĂ©pondre aux diffĂ©rents stades de lâĂ©tape de RĂ©solution, rappelons que dâautres approches sont Ă lâĂ©vidence Ă©galement utiles. Hormis la stimulation de la mĂ©moire et la rĂ©orientation vers la rĂ©alitĂ©, citons par exemple la rĂ©miniscence, les activitĂ©s Ă mĂ©diation individuelles ou en groupe, les techniques de remotivation, les approches comportementalistes, voire certaines formes de psychothĂ©rapie notamment dâinspiration systĂ©mique dont lâavantage est de replacer la personne dans sa famille comme individu porteur de lâhistoire familiale et parfois dĂ©tenteur de secrets fondateurs de cette histoire. Ces thĂ©rapies replacent le sujet dans une fonction de transmission, fonction souvent perdue en raison du consensus social qui dĂ©valorise la transmission orale du passĂ©. 69 Certaines techniques nous semblent cependant moins adaptĂ©es pour les personnes arrivĂ©es au stade de la RĂ©solution; notamment celles qui requiĂšrent des performances cognitives que certaines de ces personnes ne sont plus en mesure de soutenir, exposant nombre dâentre elles Ă des souffrances narcissiques. En outre, la plupart de ces techniques ne sont plus dâaucune aide pour les patients parvenus au stade des mouvements rĂ©pĂ©titifs ou de lâĂ©tat vĂ©gĂ©tatif [37], quâon peut rapprocher de certains Ă©tats de rĂ©gression. A ces stades, les approches qui semblent les mieux adaptĂ©es, allient un nursing attentif et bienveillant garant dâun confort physique optimal, le toucher, les mouvements doux, la voix, le chant et les techniques de relaxation. LâHISTOIRE DâUNE RENCONTRE [38] 70 Pour nous aider Ă mieux comprendre cette approche de Naomi Feil, remontons maintenant Ă son enfance et Ă lâun des nombreux exemples quâelle rapporte. Naomi Feil a grandi dans une maison de retraite, dirigĂ©e par son pĂšre psychologue et câest ainsi quâun jour elle rencontre Florence Trew⊠71 Florence Trew avait 68 ans et moi 8 quand en dĂ©cembre 1942 je la rencontrai pour la premiĂšre fois. Madame Trew fut donc mon amie dâenfance; mais je nâavais pas le droit de lâappeler par son prĂ©nom. Pour moi, elle devait toujours ĂȘtre Madame Trew ». Grande et belle femme, elle avait un nez Ă la fois fin et long, sur lequel elle perchait des lorgnons pour me faire la lecture; et comme elle hochait souvent la tĂȘte, ceux-ci sâagitaient dangereusement sur le bout de son nez. Jâadorais sa voix claire, lente et bien timbrĂ©e qui me calmait. Ce jour lĂ , elle me trouva en larmes, persuadĂ©e que ma mĂšre prĂ©fĂ©rait mon frĂšre, puisque mes patins Ă roulettes Ă©taient moins rapides que les siens. Madame Trew comprenant cette iniquitĂ©, et pour me consoler, sortit son journal intime de son gros sac noir quâelle avait toujours avec elle. Elle trouva la page quâelle cherchait. Elle toucha le papier et se figea en fermant les yeux. Puis elle les Ă©carquilla, et nous nous regardĂąmes partageant silencieusement la mĂȘme souffrance. Elle commença Ă mâen lire un extrait. Sa voix, qui Ă©tait habituellement douce et lyrique, devint terne, plate, sans vie. Les mots de cette page parlaient dâeux-mĂȘmes Le 10 juin 1891, Cher journal, Ma mĂšre nâa pas changĂ©. Elle mâa encore couverte de honte aujourdâhui, exactement comme elle lâavait dĂ©jĂ fait une fois dans la classe de madame Nelson. Tâen souviens-tu, mon cher Journal ? CâĂ©tait mardi, le soir de la rencontre parents-professeurs. Elle sâentretenait avec Madame Nelson au moment oĂč la cloche retentit. Alors, continuant Ă parler, ma mĂšre pointa son doigt dans ma direction et tout le monde se mit Ă me regarder. Je me recroquevillais sur moi-mĂȘme et aurais vraiment souhaitĂ© disparaĂźtre. Ma mĂšre chuchota dâune voix nĂ©anmoins trĂšs forte Florence ne veut pas se dĂ©barrasser de cet horrible liĂšvre en bois. Câest pour cela quâelle nâa pas dâamie ». Puis, sâapprochant de Sally Quinn, assise au premier rang, elle dit ChĂ©rie, pourrais-tu ĂȘtre lâamie dâune fille qui traĂźne un liĂšvre en bois partout oĂč elle va ? Certes non, tu ne la voudrais pas ! » Sally Quinn rit sottement et ma mĂšre fut ravie. Alors toute la classe se mit Ă rire. Satisfaite, et sans prendre davantage la peine de chuchoter, ma mĂšre se tourna vers Mademoiselle Nelson Je suis inquiĂšte pour Florence. Je ne voudrais pas que, toute sa vie, elle traĂźne derriĂšre elle ce liĂšvre grinçant». Puis, elle vint vers moi, et lĂ , me dominant de toute sa taille, elle tendit la main pour attraper mon Creaky. Alors, jâai criĂ© Creaky est Ă moi ». Je lâaimais tellement que jâen bĂ©gayai. Je serrai plus fort sa laisse en le cachant sous mon bureau. Papa me lâavait fabriquĂ© pour mes trois ans, juste avant de partir au ciel. Les oreilles pointues de Creaky Ă©taient douces comme du velours. Les toucher mâapaisait, comme lorsque Papa Ă©tait avec moi... Ma mĂšre attrapa Creaky dâune façon si brutale quâelle lui arracha la patte arriĂšre. Puis elle se dirigea vers lâestrade de Mademoiselle Nelson et le lança dans sa corbeille Ă papiers, oĂč il fit un bruit sourd quand il percuta le fond. Je courus pour le sauver. Mais Mademoiselle Nelson emporta au loin la corbeille Ă papiers, et mon Creaky avec⊠Les yeux clos, Madame Trew referma son journal. Je plaçai ma main dans les siennes. Et quâarriva-t-il alors ?» lui murmurai-je. Ce jour lĂ , je suis morte !» me rĂ©pondit-elle. En 1950, je dis au revoir Ă mon amie Florence Trew⊠En 1963, pour mes Ă©tudes supĂ©rieures de sociologie et de psychologie, je revins Ă Cleveland enseigner et travailler avec les rĂ©sidents dĂ©sorientĂ©s de la maison de retraite dans laquelle jâavais grandi. Mon attention fut attirĂ©e par un Ă©norme fauteuil retenant prisonniĂšre une minuscule vieille dame. Sans arrĂȘt, elle tapait sur le plateau mĂ©tallique, en criant dâune petite voix pointue Cree ! Cree ! Cree ! » Ses mains caressaient un objet invisible quâelle seule pouvait voir. Elle mâattrapa la main et la retint avec force. Je regardai ses longs doigts aux ongles cassĂ©s, ses avant-bras marquĂ©s de tĂąches de vieillesse; son poignet minuscule sur lequel jâaperçus lâĂ©tiquette portant son nom Florence Trew. » Se pouvait-il quâil sâagisse de la mĂȘme Florence Trew ? Je me remĂ©morai Madame Trew telle quâelle Ă©tait quand elle nâavait que 68 ans, vingt ans auparavant. Ensemble, tous les jours, nous avions gagnĂ© quelques francs en collectant des chambres Ă air hors dâusage pour participer Ă lâeffort de guerre. Et nous avions reçu la mĂ©daille des meilleurs collecteurs de caoutchouc. Madame Trew avait accrochĂ© la sienne sur sa porte. Ces souvenirs me nouĂšrent la gorge quand je me penchai vers elle pour la regarder dans les yeux Vous vous souvenez de notre mĂ©daille, Madame Trew ?». Elle mâentendit, me regarda droit dans les yeux et murmura mon nom Mimi... Mimi... fait-moi sortir de ce fauteuil ». Lâaide-soignante me mit en garde Vous ne pouvez pas la dĂ©tacher. Elle est tombĂ©e trois fois la semaine derniĂšre en essayant de sâĂ©chapper. Si vous la dĂ©tachez et quâelle tombe, vous en serez seule responsable ». Je me penchai trĂšs prĂšs dâelle et lui murmurai Quâest-il donc arrivĂ© ?». Ils lâont jetĂ© au loin ! Mimi, sâil vous plaĂźt, dites leur quâils me le rapportent ». La voix de Madame Trew avait repris le mĂȘme timbre trĂšs doux quâelle avait de longues annĂ©es auparavant. Son regard bleu Ă©tait clair, ses mains qui enserraient les miennes Ă©taient fermes. Qui ? lui demandai-je. Qui ont-ils jetĂ© loin de vous, Madame Trew ?». Creaky, voyons ! Câest celle-lĂ , qui lâa jetĂ© dans la corbeille Ă papier», me rĂ©pondit-elle, en dĂ©signant du doigt lâinfirmiĂšre. Cette dame est lâinfirmiĂšre, Madame Trew, ce nâest pas votre mĂšre ». Madame Trew secoua la tĂȘte, manifestement déçue de ma rĂ©ponse. Puis en se dĂ©tournant, elle mâexclut de son monde pour fixer Ă nouveau le vide, tout en gĂ©missant doucement Cree, Cree, Cree ». Jâinsistais Madame Trew, avez-vous reçu un choc ?». Je posai des questions sur sa mĂ©moire des faits rĂ©cents. Elle me regardait sans rien dire. Ses lĂšvres formaient des mots, mais aucun son ne venait. Elle restait avachie, rĂ©signĂ©e, adaptant son corps Ă ses liens. Puis elle soupira Je suis morte ». Jâessayai de la raisonner Madame Trew, vous nâĂȘtes pas morte, voyons, puisque vous me parlez». Vous entendez des voix, ma chĂ©rie» me rĂ©pondit-elle tristement. Vous voulez mourir, Madame Trew ?» lui demandai-je doucement. Oui». Sa rĂ©ponse fusa, immĂ©diatement et claire. Creaky et moi sommes finis. Nous sommes des vieilles chambres Ă air foutues. Foutues, foutues, foutues ! Flanquez-nous Ă la poubelle ! » Et Madame Trew se mit Ă pleurer, murmurant entre deux sanglots Pauvre Creaky ! Elle tâa arrachĂ© les pattes. Ton oreille blanche est si douce. Faites-moi sortir de ce fauteuil ! Au secours ! Au secours !» hurla-t-elle. Je lâentourai de mes bras. Une voix dâhomme lança Elle est cinglĂ©e, Madame. Vous ne pouvez pas lâaider. Câest moi quâil faut aider, en lâexpĂ©diant loin dâici ! ». Lâaide-soignante me jeta un regard de reproche. Dâun geste rapide et efficace, elle resserra les sangles de Madame Trew. Celle-ci lui envoya un coup de pied dans le tibia, en hurlant Rendez-moi Creaky, sale chienne ! Je vous dĂ©teste ! Tous les enfants de la classe vous dĂ©testent ! ». Sans regarder Madame Trew, elle attrapa son fauteuil et le fit rapidement rouler le long de lâimmense hall, tout en disant Ma douce, vous ne devriez pas utiliser ces horribles mots; vous valez mieux que ça. Une chienne est la femelle du chien» lui dit-elle patiemment ; et je ne suis pas une chienne. Je suis votre aide-soignante et je vous aime bien... Maintenant, chĂ©rie, tout va bien aller, et il est temps pour vous dâaller au dodo». Sa voix douce sâattĂ©nua peu Ă peu, au fur et Ă mesure quâelles sâĂ©loignaient dans le corridor, puis elle sâĂ©teignit. A aucun moment, Madame Trew nâeut la possibilitĂ© de tourchance ner la tĂȘte vers moi; et nous nâeĂ»mes jamais une autre de nous dire au revoir car elle mourut cette nuit lĂ . » LHISTOIRE REVISITĂE 72 Florence Trew aurait rĂ©primĂ© ses sentiments tout au long de son existence. Elle aurait profondĂ©ment enfoui sa colĂšre envers sa mĂšre. Ce nâest quâaprĂšs 80 ans, aprĂšs avoir perdu son autonomie, son mari, sa maison, sa fille, son acuitĂ© visuelle, la mĂ©moire des faits rĂ©cents et sa mobilitĂ©, quâelle aurait pu revivre ses souvenirs douloureux. Pour elle, lâaide-soignante nâĂ©tait quâune ombre. La vue de Florence Trew Ă©tant lĂ©sĂ©e, elle se servait de cette ombre pour redonner vie Ă sa mĂšre ». 73 Selon le point de vue proposĂ© par Naomi Feil, Madame Trew Ă©tait entrĂ©e dans son stade de vie dit de RĂ©solution. Sa tĂąche finale consistant Ă effacer lâardoise, câest-Ă -dire Ă exprimer ses Ă©motions refoulĂ©es, avant de mourir. Elle Ă©tait retournĂ©e dans son passĂ© pour rĂ©soudre dâanciennes blessures. 74 La petite fille de 8 ans nâavait jamais criĂ© âMaman, je suis morte le jour oĂč tu as jetĂ© Creaky dans la corbeille Ă papierâ. Elle a attendu 80 ans pour cela. Elle a attendu trop longtemps » [39]. 75 Dans lâhistoire de Florence Trew, lâobjet du manque est son Creaky », dont la fonction dâobjet transitionnel consistait sans doute Ă lui apporter un sentiment dâapaisement liĂ© au sentiment » de prĂ©sence du pĂšre; satisfaisant ainsi son besoin de sĂ©curitĂ©. On peut imaginer que validĂ©e » elle aurait revĂ©cu et partagĂ© les sentiments liĂ©s Ă la perte de son Creaky », et pu exprimer le sentiment dâinjustice ressenti en ce temps lĂ . ReconfortĂ©e par un intervenant en Validation et ainsi reconnue dans sa rĂ©alitĂ© Ă©motionnelle, Madame Trew aurait peut-ĂȘtre pu Ă©prouver la lĂ©gitimitĂ© de ses sentiments et trouver en elle un apaisement. 76 Naomi Feil passa les trente annĂ©es suivantes Ă travailler avec des personnes comme Florence Trew. A leur contact et grĂące aux tĂ©moignages de leur entourage, elle a peu Ă peu dĂ©veloppĂ© la Validation. 77 Ainsi, elle nous dit Jâai appris de mes erreurs. Jâai appris que les personnes trĂšs ĂągĂ©es dĂ©sorientĂ©es ont une sagesse intuitive et sont aussi humaines que nous. Jâai appris que derriĂšre leur dĂ©sorientation se cache une richesse humaine et que cette richesse sâĂ©tend au-delĂ du moment prĂ©sent; au-delĂ de la culture, de la race, de la religion, du pays dâorigine ». 78 Quand on perd la notion du temps prĂ©sent et du lieu, quand les obligations sociales ont perdu tout intĂ©rĂȘt, alors câest lâessence mĂȘme de lâhumain qui sâexprime. Les personnes ĂągĂ©es retrouvent tout naturellement leur sagesse intĂ©rieure. Leur vie se rythme en terme de souvenirs, et non plus en terme de elles perdent lâusage de la parole, des sons et des rythmes la remplacent, et les mouvements appris dans leur jeunesse se substituent aux mots. Pour survivre aux pertes du temps prĂ©sent, elles restaurent un passĂ© dans lequel elles trouvent davantage de sagesse » [40]. 79 En ce dĂ©but de millĂ©naire, le processus de vieillissement concerne de plus en plus dâentre nous et expose lâindividu Ă des pertes multiples. La vision utilitariste, que nous avons reçue en hĂ©ritage, agite le spectre de la perte ultime de lâesprit, faisant Ă nos yeux de lâAutre dĂ©ment ou malade dâAlzheimer un mort en sursis. 80 Lâhistoire de nos sociĂ©tĂ©s rĂ©vĂšle Ă lâĂ©gard du vieux une ambivalence constante, gĂ©nĂ©ratrice de dĂ©ni ou dâexclusion. Aujourdâhui cette ambivalence peut interpeller notre propre humanitĂ©. 81 AuprĂšs des sujets atteints de dĂ©mence et Ă lâĂ©coute de leurs proches nous dĂ©couvrons, dans lâalternance de moments de luciditĂ© et de moments de confusion, un autre langage Ă la fois verbal et non verbal, riche de toute une dimension symbolique. Cet autre langage est certes fait de distorsions, dâomissions, de gĂ©nĂ©ralisations, de projections, mais aussi de mĂ©taphores⊠Il nous parle du sensible oĂč lâidentitĂ© sâancre dans la subjectivitĂ© des joies et des blessures de la vie affective. 82 Nous sommes ainsi les tĂ©moins de phĂ©nomĂšnes qui sâapparentent Ă des tentatives dâun travail dâĂ©laboration psychosocial. En respectant la sagesse illogique mais intuitive de ces vieilles personnes, tout en admettant la dĂ©tĂ©rioration physique et intellectuelle, la Validation autorise ce processus pour leur permettre de retrouver un sentiment dâapaisement voire de sĂ©rĂ©nitĂ©. 83 En outre, Ă©tant nous-mĂȘmes des sujets vieillissants candidats Ă devenir trĂšs vieux, nous pourrions ainsi explorer et peut-ĂȘtre espĂ©rer dĂ©couvrir Ă notre propre usage les ingrĂ©dients dâune vieillesse harmonieuse. 84 Selon Naomi Feil Quand nous crĂ©ons de lâempathie avec les gens dĂ©sorientĂ©s, nous commençons Ă mieux percevoir les raisons qui sous-tendent leur dĂ©sorientation. ... Cela peut nous Ă©clairer sur nos difficultĂ©s, et nous apprendre Ă repĂ©rer nos propres tĂąches restĂ©es en suspens. Nous pourrions ainsi dĂšs maintenant travailler Ă les rĂ©soudre, avant mĂȘme dâavoir Ă notre tour atteint le trĂšs grand Ăąge » [41]. 85 En effet, usant dâun paradigme selon lequel la perte des facultĂ©s acquises de raisonnement logique pourrait sâaccompagner chez lâĂągĂ© dĂ©ment de la rĂ©-Ă©mergence de modes de pensĂ©e Ă©motionnels et associatifs, nous pourrions imaginer que ces comportements rĂ©pondent moins Ă la raison sociale et objective quâĂ des raisons plus profondes et plus intimes. 86 Ainsi, reconnue jusquâaux instants ultimes comme un ĂȘtre Ă part entiĂšre avec ses peines et ses joies et sa profondeur, la personne dĂ©mente pourrait, en nous faisant les tĂ©moins de ses efforts pour se rĂ©aliser, recouvrer Ă nos yeux et Ă ceux de ses proches un rĂŽle social et la fonction dâun semblable, rĂ©actualisant Ă son propre usage et au nĂŽtre une connaissance profonde de ce qui anime une vie humaine. Notes [1] BANDLER R., GRINDER J. 1976. Structure of Magic ; a book about langu age and therapy. Palo Alto, Science and Behaviour Books. [2] BATESON G. 1980. Vers une Ă©cologie de lâEsprit. Paris, Le Seuil. [3] BERNE E. 1977. Que dites-vous aprĂšs avoir dit bonjour. Paris, Tchou. [4] BETTELHEIM B. 1975. Un lieu oĂč renaĂźtre Paris, Robert Laffont. [5] BLANCHARD F., DESBONNET B., DEMARCY I. 1993. Trouver un sens derriĂšre lâapparent non sens une nouvelle approche de la perte dâautonomie psychique des personnes ĂągĂ©es. GĂ©rontologie ; 88 10-14. [6] BLANCHARD F., BLIQUE S., PLOTON L., GEORGE M-Y., LAMAZE B., PLAQUET B., JOLLY D., BOCQUET P., KARIGER E., MUNSCH F., ZA-WADZKY I., DEMARCY I., DESBONNET F. 1995. Pour un autre regard sur la dĂ©mence ou les soins relationnels amĂ©lio-rent-ils la qualitĂ© de vie des dĂ©ments ? GĂ©rontologie et SociĂ©tĂ© 72 156-166. [7] BLANCHARD F., PRENTZYNSKY J.,WONG C., LAMAZE B., MORRONE I., BOCQUET P., JOLLY D. 1993. 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LA VIEILLESSE UNE HISTOIRE ANCIENNE LA DĂMENCE UNE HISTOIRE RĂCENTELâEXCLUSION DU VIEILLARDLA DĂMENCE, UNE NOTION JURIDIQUE âŠâŠ AVANT DâĂTRE MĂDICALELA RELATION COMME CLĂ DES SENSLE BILAN DE LA VIE UNE TĂCHE Ă ACCOMPLIRLA VALIDATION UNE APPROCHE DU POSSIBLE LâHISTOIRE DâUNE RENCONTRE LHISTOIRE REVISITĂE F. Blanchard MĂDECIN GĂRIATRE -CHEF DE SERVICE PROFESSEUR DE SANTĂ PUBLIQUE CENTRE HOSPITALIER - 51092 REIMS F. Munsch MĂDECIN GĂRIATRE CENTRE HOSPITALIER GĂRONTOLOGIQUE - 68700 CERNAY Novella MĂDECIN GĂRIATRECENTRE HOSPITALIER - 51092 REIMS K. Munsch MASSEUR KINĂSITHĂRAPEUTE HĂPITAL RURAL - 68210 DANNEMARIE J. Ankri MĂDECIN GĂRIATRE HĂPITAL SAINTE PĂRINE - 75016 PARIS F. Duarte PSYCHOLOGUE CLINICIENNECENTRE HOSPITALIER GĂRONTOLOGIQUE - 68700 CERNAY S. Blique DOCTEUR EN PSYCHOLOGIEMAISON HOSPITALIĂRE ST-CHARLES - 54000 NANCY M. Sigal MAĂTRE DE CONFĂRENCE EN PSYCHOLOGIEUNIVERSITĂ - 51100 REIMS I. Morrone PSYCHOLOGUECENTRE HOSPITALIER - 51092 REIMS Rochard-Bouthier MĂDECIN PSYCHIATRE -CHEF DE SERVICECENTRE HOSPITALIER DE ROUVRAY - 76301 SOTTEVILLE LES ROUEN C. Jochum CHEF DE CLINIQUE ASSISTANTCENTRE HOSPITALIER - 51092 REIMS F. Desbonnet ASSISTANTE SOCIALEASAD â 75010 PARIS L. Ploton PROFESSEUR DE GĂRONTOLOGIEUNIVERSITĂ LUMIĂRE LYON 2 - 69676 BRON George MĂDECIN GĂRIATRE -CHEF DE SERVICEMAISON HOSPITALIĂRE ST-CHARLES - 54000 NANCY Mourir vieuxDans Fins de viePresses Universitaires de France, 2012Cette publication est la plus rĂ©cente de l'auteur sur publication est la plus rĂ©cente de l'auteur sur publication est la plus rĂ©cente de l'auteur sur publication est la plus rĂ©cente de l'auteur sur publication est la plus rĂ©cente de l'auteur sur publication est la plus rĂ©cente de l'auteur sur
Validationmode d'emploi techniques elementaires de communication avec les perso - techniques elemen . Validation mode d'emploi techniques elementaires de communication avec les perso - techniques elemen . Fiche; 0 note . Naomi Feil. Date de parution : 02/06/1999; Editeur : Pradel ; EAN : 9782907516969; Série : (-) Support : Papier ; Nombre de
POURQUOI PARLER DE LA VALIDATION ? Le terme de Validation est Ă la mode, et les soignants qui ont des dĂ©ments en charge ont bien peu de chance dâĂ©chapper Ă cette notion. Il importe donc de savoir de quoi il sâagit. Mais la premiĂšre chose Ă faire est de se mĂ©fier quand on Ă©tudie la psychologie amĂ©ricaine on est frappĂ© de la frĂ©quence Ă laquelle on tombe sur la mĂȘme histoire une mĂ©thode Ă la fois simple et profonde qui rĂ©volutionne la prise en charge des malades. Quand on regarde dâun peu plus prĂšs on sâaperçoit que toutes ces mĂ©thodes ont toujours quelques points communs Elles prĂ©tendent fournir une explication de toute une partie de la psychologie voire de toute lâaventure humaine. En fait elles sont bĂąties sur des thĂ©ories Ă la soliditĂ© douteuse et qui relĂšvent davantage de la croyance, et se rĂ©duisent le plus souvent Ă une accumulation dâĂ©vidences. Elles ont Ă©tĂ© crĂ©es par des individus seuls, qui en gĂ©nĂ©ral nâont pas suivi des Ă©tudes classiques. Elles sâapproprient le plus souvent des pans entiers de travaux dĂ©jĂ connus. Elles demandent tout de mĂȘme une formation, gĂ©nĂ©ralement coĂ»teuse. Elles ne survivent guĂšre Ă leur inventeur [1]. Câest le schĂ©ma quâon retrouve notamment Ă la base de la bio-Ă©nergie, du cri primal, et sans doute bientĂŽt de lâhaptonomie mais beaucoup moins la sophrologie, par exemple câest un comportement qui a plus Ă voir avec celui des sectes quâavec la recherche scientifique. Les travaux de Naomi Feil sont de cette sorte. Mais malgrĂ© toutes les critiques quâon peut faire, il reste que les Ă©vidences dont elle parle sont bonnes Ă se rĂ©pĂ©ter, et que celui qui se contente de faire ce quâelle propose accomplit dĂ©jĂ des progrĂšs importants. Naomi Feil nâest pas une soignante mais une travailleuse sociale amĂ©ricaine ; elle dit avoir mis au point des techniques simples pour communiquer avec les malades atteints de dĂ©mence ; en fait on constate assez rapidement que ce sont des techniques qui nâont rien de spĂ©cifique, et qui peuvent ĂȘtre utilisĂ©es dâune maniĂšre ou dâune autre pour nâimporte quelle communication avec nâimporte qui. LâintĂ©rĂȘt de ces techniques est de pouvoir ĂȘtre utilisĂ©es par tous. Les intervenants aussi bien que les membres de la famille peuvent les mettre en pratique sans quâil leur en coĂ»te plus de quelques minutes par jour. LâIDĂE GĂNĂRALE DE LA VAILDATION LâidĂ©e qui sous-tend cette approche est assez simple il sâagit dâessayer de prendre le dĂ©ment en somme lĂ oĂč il est. Le plus souvent les intervenants conçoivent leur rĂŽle sur le mode de la rééducation, en cherchant Ă faire retrouver au dĂ©ment un comportement normal, ou de la prĂ©servation, en essayant de freiner le processus dĂ©mentiel. Ce travail est important, et il doit ĂȘtre fait. Mais on voit tout de suite lâĂ©norme inconvĂ©nient de cette approche elle revient Ă dire au dĂ©ment Redeviens ce que tu Ă©tais, tu nâes plus toi-mĂȘme » ; et en disant cela on laisse de cĂŽtĂ© le fait que le dĂ©ment est dâabord quelquâun, quâil est vivant, quâil sâexprime, et que ce quâil dit a une valeur. Le dĂ©ment sait parfaitement quâil est en train de perdre la tĂȘte [2]. Toute sa hantise est lĂ peut-il encore sâexprimer, se faire comprendre ? Ce quâil dit a-t-il encore un sens ? Chaque fois quâon essaie de corriger ce quâil dit on lâenfonce dans son dĂ©sarroi. Le propos de la validation est donc dâaccepter la maniĂšre dont le dĂ©ment sâexprime, en disant que ce quâil dit a un sens, une importance. Pour cela il faut rejoindre le dĂ©ment sur son terrain. Le dĂ©ment est dans son monde, il a du mal Ă comprendre ce qui lâentoure, cela lui fait peur, et câest la raison principale pour laquelle il se replie. Lâerreur commise par les soignants est souvent de vouloir ramener le dĂ©ment Ă la rĂ©alitĂ©, ce qui est trĂšs angoissant pour lui. On est plus efficace, plus aidant, en dĂ©cidant de le rejoindre lĂ oĂč il se trouve, en lui disant quâil a bien raison dâĂȘtre comme il est, en reconnaissant que ce quâil dit a un sens au lieu de lui renvoyer perpĂ©tuellement quâon ne le comprend pas, bref en validant son comportement et son propos au lieu dâessayer de le corriger. Mais le projet de prendre le dĂ©ment lĂ oĂč il est suppose quâon prenne deux prĂ©cautions essentielles. La premiĂšre est de rester parfaitement sincĂšre prendre le dĂ©ment lĂ oĂč il est ne veut pas dire quâon rentre dans son jeu. Si le dĂ©ment dĂ©lire on nâa pas le droit de dĂ©lirer avec lui valider câest reconnaĂźtre au malade le droit de penser ce quâil pense ; ce nâest en aucun cas faire mine de penser la mĂȘme chose. Nous en verrons des exemples chemin faisant. La seconde prĂ©caution Ă respecter pour prendre le malade lĂ oĂč il est est Ă©videmment de sâen donner les moyens, ce qui suppose quâon comprenne, prĂ©cisĂ©ment, oĂč il en est. LES THĂORIES DE LA RĂGRESSION La notion de rĂ©gression est une notion capitale en psychanalyse. La psychanalyse Lorsque je me trouve devant un problĂšme, je dispose de deux stratĂ©gies. La premiĂšre est de rĂ©soudre le problĂšme en inventant une solution ; cela sâappelle lâimagination, câest la stratĂ©gie la plus efficace, câest aussi la plus coĂ»teuse ; en psychanalyse cela sâappelle sublimation. La seconde est de chercher dans le passĂ© si je nâai pas dĂ©jĂ Ă©tĂ© confrontĂ© Ă une situation semblable ; jâessaie alors des solutions comme le serrurier essaie des clĂ©s lorsque je perds mes clĂ©s jâappelle un serrurier ; ce serrurier vient avec un lot de clĂ©s et cherche Ă ouvrir la porte en essayant diverses clĂ©s ; câest moins efficace car les situations ne sont jamais totalement identiques, mais câest moins coĂ»teux ; cela sâappelle lâexpĂ©rience ; en psychanalyse on appelle cela rĂ©gression car la solution que je vais appliquer est une solution que jâai trouvĂ©e dans un passĂ© parfois fort ancien. LâinconvĂ©nient de la rĂ©gression est double dâune part, comme on lâa dit, la solution que je trouve alors nâest pas parfaitement adaptĂ©e au problĂšme qui mâest posĂ© ; dâautre part lorsque jâapplique une solution issue du passĂ© jâai tendance Ă adopter aussi lâĂ©tat dâesprit qui Ă©tait le mien Ă cette Ă©poque-lĂ . Câest ainsi quâon peut comprendre, par exemple, une partie du comportement de lâalcoolique il se trouve incapable dâaffronter les problĂšmes de la vie, et il rĂ©gresse jusquâĂ ce quâil trouve une solution. Et la solution quâil trouve est de se comporter comme lorsquâil Ă©tait bĂ©bĂ©, et quâil suffisait dâun biberon pour apaiser son angoisse. Le problĂšme est quâil adopte alors un comportement de bĂ©bĂ© dans tous les domaines de sa vie, mĂȘme dans ceux qui ne sont pas directement liĂ©s Ă la boisson. Il va de soi que le dĂ©ment est particuliĂšrement exposĂ© au risque de rĂ©gression, puisque le problĂšme qui lui est posĂ© du fait de son effondrement intellectuel ne possĂšde aucune solution. Il ne peut donc espĂ©rer en inventer une, et ce dâautant moins que pour inventer une solution il faudrait prĂ©cisĂ©ment quâil ait un cerveau en bon Ă©tat. Il existe un certain nombre de thĂ©ories qui prĂ©tendent expliquer lâĂ©tat dâesprit du dĂ©ment. Toutes sont basĂ©es sur lâidĂ©e que le dĂ©ment, en somme, retombe en enfance, et que cette retombĂ©e a des chances de se produire comme une rĂ©gression, comme si le dĂ©ment parcourait Ă lâenvers le chemin de la vie ; Ă tout le moins cela demande preuve revenir en arriĂšre nâest pas le contraire de marcher en avant câest parcourir Ă lâenvers un chemin quâon a dĂ©jĂ parcouru une fois mais peu importe. Le plongeon rĂ©trograde Une thĂ©orie solide est celle du plongeon rĂ©trograde, de Daniel Taillefer, psychologue canadien, et qui sâappuie sur les travaux de Reisberg. Ce dernier a essayĂ© de classer la dĂ©tĂ©rioration intellectuelle en 7 stades selon la gravitĂ© de la perte. LâĂ©chelle de Reisberg sâĂ©tablit comme suit Stade 1 Aucune dĂ©tĂ©rioration. Stade 2 Manque du mot lĂ©ger plainte subjective concernant des troubles de mĂ©moire. Stade 3 DĂ©ficits de fonctionnement au travail, notamment dĂ©but de la dĂ©sorientation. Stade 4 Assistance requise aux tĂąches complexes. Stade 5 Assistance requise dans certaines dĂ©cisions de la vie quotidienne. Stade 6 Malade assistĂ© en permanence. Stade 7 Stade terminal. On voit tout de suite que ces stades sont tout de mĂȘme trĂšs approximatifs. Dâabord ils ne sont pas trĂšs bien adaptĂ©s Ă la rĂ©alitĂ© Rien ne prouve que le sujet de stade 2 est sur le chemin de la dĂ©mence. Le trouble du langage est loin de toujours prĂ©cĂ©der la dĂ©sorientation ou la perte des habiletĂ©s. Le manque de mot et le trouble de la mĂ©moire ne peuvent pas ĂȘtre reliĂ©s si facilement lâun nâest pas la cause de lâautre. Dâautre part dans la pratique ils ne sont pas si utiles que cela ; mais enfin ils permettent dây voir un peu plus clair, et de se parler commodĂ©ment entre soignants. Daniel Taillefer explique que chez le sujet atteint de dĂ©mence de type Alzheimer le cerveau parcourt Ă lâenvers le chemin de sa vie dans une sorte de rĂ©gression au sens psychanalytique du terme. Les stades de Reisberg seraient grossiĂšrement corrĂ©lĂ©s aux pĂ©riodes de lâexistence qui sont ainsi revĂ©cues dans le souvenir. La correspondance des Ăąges et de la mĂ©moire sâĂ©tablirait ainsi Stades 1 et 2 Pas de rĂ©gression. Stade 3 66 ans et plus. Stade 4 56 Ă 65 ans. Stade 5 48 Ă 55 ans. Stade 6 18 Ă 45 ans. Stade 7 0 Ă 15 ans. Donc un malade en stade 5, qui sait encore accomplir certaines tĂąches Ă©lĂ©mentaires de la vie quotidienne mais pas toutes pourra Ă©voquer facilement ses souvenirs de la quarantaine, et on le stimulera davantage en lui parlant de cette pĂ©riodes ; sur le plan du comportement il aura tendance Ă se conduire de la mĂȘme maniĂšre quâĂ cette Ă©poque-lĂ . Câest du moins ce que prĂ©voit la thĂ©orie. Que peut-on en pratique tirer de cette approche ? Probablement une chose trĂšs simple la dĂ©tĂ©rioration intellectuelle sâaccompagne dâune rĂ©gression. Il est fĂ©cond pour le soignant de repĂ©rer cette rĂ©gression, et par des moyens trĂšs simples de tenir compte, pour entrer en communication, du stade oĂč il se trouve. Si on sait que le dĂ©ment se trouve dans lâunivers de son adolescence, cela permet de sâorienter on peut choisir de sâinstaller avec lui dans cette couche de souvenirs, et les Ă©voquer systĂ©matiquement avec lui ; on peut au contraire essayer de lâen sortir pour parler dâautre chose les deux mĂ©thodes sont Ă©galement bonnes, mais il faut simplement savoir que les rĂ©sultats ne sont pas les mĂȘmes. On peut aussi comprendre que les souvenirs quâil Ă©voque entraĂźnent des Ă©motions et des comportements qui sont liĂ©s Ă cette Ă©poque ; on pourrait mĂȘme utiliser cette notion en adaptant son propre comportement si le patient se conduit comme un enfant face Ă sa mĂšre le soignant peut jouer Ă ĂȘtre une mĂšre aimante, autoritaire... Cela est simplement interdit car il sâagit alors de ce que les psychanalystes appellent utilisation du transfert et cela demande une formation trĂšs poussĂ©e. La thĂ©orie dâErikson Naomi Feil fonde toute son approche sur la thĂ©orie dâErik Erikson qui traite des stades de dĂ©veloppement de la vie et des tĂąches qui doivent ĂȘtre accomplies Ă chacun de ces stades. Cette thĂ©orie veut quâil y ait six pĂ©riodes de la vie, et quâĂ chacune ce ces pĂ©riodes corresponde une tĂąche Ă accomplir. Naturellement lâĂ©panouissement de la personne Ă un stade donnĂ© dĂ©pend beaucoup de la maniĂšre dont elle a rĂ©ussi les tĂąches quâelle devait accomplir aux stades prĂ©cĂ©dents, et Erikson en tire des conclusions qui font que sa mĂ©thode se rapproche beaucoup de la psychanalyse, dont elle est dâailleurs largement inspirĂ©e. Donc il y a six pĂ©riodes de la vie, et comme chez Taillefer le dĂ©ment a tendance Ă rĂ©gresser, parcourant lĂ aussi ces six pĂ©riodes dans une sorte de plongeon rĂ©trograde. La rĂ©partition dâErikson se fait comme suit 1. Prime enfance Le sujet doit apprendre Ă faire confiance quand il y a frustration. Sâil Ă©choue le sentiment est la dĂ©fiance je ne suis pas aimĂ©. 2. Enfance le sujet doit apprendre Ă se contrĂŽler, Ă suivre des rĂšgles. Sâil rĂ©ussit le sentiment est la joie dây parvenir. Sâil Ă©choue le sentiment est la honte, la culpabilitĂ©, le reproche Je souille tout. 3. Adolescence le sujet doit construire sa personnalitĂ©. Sâil rĂ©ussit il trouve sa propre identitĂ© ; il se dĂ©tache des parents. Sâil Ă©choue le sentiment est lâinsĂ©curitĂ© ; dĂ©lĂ©gation de rĂŽle je ne suis quelquâun que si je suis aimĂ©. 4. Ăge adulte le sujet doit Ă©tablir une relation dâintimitĂ© avec un autre ĂȘtre humain. Partage des premiers sentiments, sujet responsable de ses Ă©motions, de ses erreurs et de ses succĂšs. Sâil Ă©choue le sentiment est lâisolement, dĂ©pendance. 5. MaturitĂ© le sujet doit produire de nouvelles activitĂ©s quand les anciennes sont dĂ©passĂ©es ; se tourner vers quelque chose de nouveau. Sâil Ă©choue le sentiment est la stagnation. Fixation sur des rĂŽles dĂ©passĂ©s. 6. Vieillesse le sujet doit Boucler sa vie. Trouver la force intĂ©rieure, lâintĂ©gritĂ©. MĂ©langer le passĂ© au prĂ©sent, se donner de nouveaux buts. Sâil Ă©choue le sentiment est le dĂ©sespoir Je ferais mieux dâĂȘtre mort ». LâidĂ©e de Naomi Feil est quâen analysant le comportement du dĂ©ment on peut arriver Ă comprendre quel est le type de problĂšme quâil cherche Ă rĂ©soudre, et par lĂ Ă comprendre Ă quel niveau de rĂ©gression il est arrivĂ©. Par exemple cette vieille dame accumule des objets, au besoin les vole et les entasse dans sa chambre. Elle donne lâimpression quâelle le fait pour se prouver quâelle est quelquâun. LâidĂ©e est que quand elle Ă©tait une petite fille elle nâa jamais appris Ă faire confiance. Il est probable quâon retrouvera facilement chez elle des souvenirs, des comportements, des attitudes qui datent de cette Ă©poque-lĂ , et il faudra tenir compte de cette donnĂ©e pour amĂ©liorer la communication. Ailleurs câest un vieux malade qui sâattachant aux pas dâun intervenant ou dâun membre de sa famille ; on pense quâil cherche lâapprobation de cet intervenant qui reprĂ©sente pour lui lâautoritĂ© parentale on dirait un adolescent qui nâa jamais pu se dĂ©tacher de ses parents. On voit trĂšs vite les trois grandes critiques quâon peut faire Ă la thĂ©orie de Naomi Feil 1. Ce quâelle Ă©nonce nâest rien dâautre que la thĂ©orie de la rĂ©gression qui est Ă la base de la psychanalyse on peut dire la mĂȘme chose de la thĂ©orie du plongeon rĂ©trograde. 2. Elle a raison dâinsister sur la nĂ©cessitĂ© dâanalyser le comportement du malade. Mais il nâest pas difficile de voir que cette analyse est trĂšs imprĂ©cise, et que les interprĂ©tations donnĂ©es par les soignants seront toujours risquĂ©es et toujours discutables. 3. Elle en vient trĂšs vite Ă dire quâil est possible dâaider la personne dĂ©mente Ă rĂ©soudre les problĂšmes quâelle nâa pas su rĂ©gler jusque lĂ . On lâespĂšre, mais sans trop y croire câest une autre constante de ces thĂ©ories amĂ©ricaines que de prĂ©tendre rĂ©ussir des miracles. Bref, lâidĂ©e intĂ©ressante est que si nous parvenons Ă repĂ©rer Ă quel niveau le malade se situe nous allons pouvoir mieux le comprendre, et par lĂ Ă©tablir une relation plus apaisante pour lui. Nous allons donc procĂ©der en deux temps Dans un premier temps nous allons Ă©couter le patient et essayer de comprendre de quels souvenirs il nous parle. Dans un second temps nous allons essayer de comprendre quel est son comportement, et en quoi il rappelle une pĂ©riode de sa vie. Ensuite nous utiliserons les rĂ©sultats de cette enquĂȘte pour essayer de trouver le comportement qui permettra Ă la personne de se sentir comprise et apprĂ©ciĂ©e pour ce quâelle est. En somme pour trouver la clĂ© qui permet de calmer la personne, il suffit de lâĂ©couter vraiment, dâentendre ce qui cherche Ă se dire Ă travers son comportement, mĂȘme quand il est dĂ©rangeant ». Le projet de Naomi Feil est de suivre pas Ă pas, Ă travers des contacts quotidiens avec les personnes souffrant de dĂ©mence, le fil conducteur des ressentis dans le labyrinthe des Ă©motions. Dans la validation, ce quâon valide câest le comportement du malade on ne cherche plus Ă le rectifier, on le reconnaĂźt comme un comportement lĂ©gitime et qui dit quelque chose. LES OUTILS DE VALIDATION Naomi Feil dĂ©crit quatorze outils de validation. Ces outils ne sont pas tous originaux, on le soulignera Ă lâoccasion ; dâautres sont carrĂ©ment douteux... En fait ce sont le plus souvent des banalitĂ©s ; redisons que ces banalitĂ©s sont bonnes Ă entendre. Disons tout dâabord que le soignant intervient dans deux contextes Lors de relations spontanĂ©es en cours de journĂ©e. Lors dâinterventions programmĂ©es. Le soignant doit dâabord maĂźtriser lâintervention programmĂ©e, celle quâil a prĂ©vue et pour laquelle il a le temps. Quand il sera bien habituĂ© Ă ce type dâintervention il aura acquis la fluiditĂ© et lâaisance nĂ©cessaires pour amĂ©liorer ses relations spontanĂ©es. Les techniques de Naomi Feil sont prĂ©sentĂ©es ici dans un ordre logique, et ont Ă©tĂ© dĂ©barrassĂ©es de ce quâelles contiennent de trop discutable. Cette prĂ©sentation nâest donc pas... validĂ©e on ne prĂ©sente lĂ quâune opinion. Se concentrer Il ne sâagit absolument pas dâune technique de communication mais dâun prĂ©alable. Il est trĂšs important de se concentrer avant dâentrer dans une relation qui risque dâĂȘtre difficile ou Ă©prouvante. Câest le cas en accompagnement, quand on entre dans la chambre du mourant on fera du mauvais travail si on ne prend pas le temps de se dĂ©barrasser de ses propres problĂšmes. Il existe de multiples techniques de concentration, toutes plus ou moins inspirĂ©es du yoga. Il ne faut pas les valoriser outre mesure, ce nâest pas de la magie. Voici les recommandations de Naomi Feil pour lâutilisation de cette technique Regarder fixement un point situĂ© environ 5 cm en dessous de sa propre taille. Inspirer profondĂ©ment par le nez et emplir dâair ses poumons. Expirer par la bouche. Supprimer toute rĂ©flexion intĂ©rieure, pour consacrer toute son attention Ă sa seule respiration. Par huit fois, rĂ©pĂ©ter lentement cette procĂ©dure. Ceci permet de se mettre vraiment Ă lâĂ©coute de lâautre, en expulsant tous les sentiments de peine, de colĂšre et de frustration, afin de les mettre au placard pour un moment. La validation devrait toujours commencer par cette technique. Capter le regard du patient Le dĂ©ment reste trĂšs longtemps, sans doute jusquâau bout, sensible aux Ă©lĂ©ments de la communication non-verbale. Parmi ceux-ci le regard est important. Quand on entre en communication il faut Ă©viter tout ce qui ressemble Ă un rapport de force. Or en matiĂšre de comportement animal le signe de la domination est la place des yeux si mon interlocuteur est placĂ© de telle sorte que je le regarde de haut en bas, je le domine, et il se trouve en position dâinfĂ©rioritĂ©. Naturellement cette rĂšgle nâest pas absolue, et ne fait que nuancer le rapport de force lâenseignant est debout devant des Ă©lĂšves assis, de sorte quâil les regarde de haut en bas. Par contre le patron qui reçoit un employĂ© est assis, et lâemployĂ© est debout, de sorte que le patron le regarde de bas en haut ; pourtant le rapport de force est en faveur du patron, parce quâĂȘtre assis est un privilĂšge. Dans les deux cas, donc la position renforce lâautoritĂ© de celui qui la possĂšde. Il sâensuit que la seule maniĂšre dâĂ©viter lâaggravation du rapport de force est dâĂȘtre situĂ© Ă la mĂȘme hauteur que celui Ă qui on sâadresse. Cela signifie par exemple quâil nâest pas sain de converser avec le dĂ©ment en se mettant assis sur le bord du lit il faut faire lâeffort de se baisser jusquâĂ ce quâon ait les yeux exactement Ă sa hauteur. On sait que les regards sont capables dâexprimer un trĂšs grand nombre de sentiments. On sait moins comment câest possible le regard lui-mĂȘme nâest le fait que de lâĆil, et lâĆil ne se modifie que trĂšs peu seul le diamĂštre de la pupille peut changer, et cela dĂ©pend surtout de la luminositĂ©... Câest donc lâĆil qui porte le message et non le regard autrement dit ce sont les paupiĂšres et les mouvements des globes. Le regard est un enjeu fondamental de la communication avec le dĂ©ment, car câest lâinstrument qui permet de fixer son attention. Câest par le regard quâil conserve la notion dâune prĂ©sence humaine prĂšs de lui la parole est faite de mots quâil ne comprend plus trĂšs bien, ou plus du tout ; le toucher est trop peu spĂ©cifique. Il faut donc capter lâattention du dĂ©ment en se plaçant face Ă lui, et en le regardant dans les yeux ; Ă condition bien sĂ»r de veiller Ă ce que le regard ne soit en aucune façon agressant ou angoissant. Il est plus difficile de maintenir ce regard tout au long de lâentretien, il faut pourtant sây exercer. On ne doit pas craindre de pratiquer lâĂ©change des regards avec le dĂ©ment non communiquant on peut essayer dâexprimer des Ă©motions par le seul regard, et dâinterprĂ©ter les Ă©motions quâon reçoit en retour. On aura souvent la bonne surprise de constater que les yeux parviennent ainsi Ă se parler. Naturellement de telles expĂ©riences ont quelque chose de douteux en communication non-verbale rien nâest plus facile que de prendre ses dĂ©sirs pour des rĂ©alitĂ©s. Mais on peut au moins prĂ©sumer que mĂȘme si on se trompe quelque peu en interprĂ©tant les rĂ©actions du dĂ©ment ce dernier aura tirĂ© quelque avantage du fait quâon lui aura consacrĂ© ce temps. Penser autrement reviendrait Ă dĂ©nier au fond toute valeur Ă notre action envers le dĂ©ment. Parler dâune voix claire, basse et affectueuse Dans une conversation, il y a les mots qui sont prononcĂ©s, avec leur signification, ce qui forme le contenu du message. Mais il y a aussi, nous le savons bien, la maniĂšre dont les mots sont prononcĂ©s le travail sur lâintonation est la base du mĂ©tier dâacteur. Allons plus loin la tonalitĂ© de mon message contient des informations, et ces informations sont souvent au moins aussi importantes que le contenu objectif des mots on a tort dâopposer comme on le fait le fond et la forme ces deux notions sont totalement interdĂ©pendantes. Cela est dâautant plus vrai chez le dĂ©ment Il est en difficultĂ© pour comprendre le fond du message, car il ne connaĂźt plus le sens des mots. Comme il ne comprend plus le sens des mots, il est encore plus sensible Ă leur environnement affectif. Il est en souffrance, et de ce fait hypersensible Ă tout ce qui constitue lâambiance affective de la relation. Il importe donc dâadopter un ton de voix rassurant ; cela suppose de parler lentement, doucement, sans Ă©lever la voix. Il faut sây exercer. Il faut savoir, avant dâentamer la conversation, prendre le temps de se recentrer sur soi-mĂȘme et de se prĂ©parer. Mais cette rĂšgle est rapidement limitĂ©e 1. Les modalitĂ©s concrĂštes du travail ne laissent pas toujours le temps de se mettre en condition. 2. Le dĂ©ment est souvent sourd, ce qui impose de lui parler fort. 3. Ce quâon veut dire au malade nâest pas forcĂ©ment compatible avec une douceur du ton. Certes on peut toujours sâefforcer de rester calme, mais il ne faut pas quâil y ait une trop grande contradiction entre ce quâon veut dire et la maniĂšre dont on va le dire, faute de quoi le dĂ©ment va sây perdre il y a en somme des maniĂšres angoissantes dâĂ©liminer lâangoisse. 4. Mais dâun autre cĂŽtĂ© parler de maniĂšre douce et chaleureuse ne veut pas dire adopter un ton lĂ©nifiant ou infantilisant. Le ton juste serait plus prĂšs de celui du psychiatre que de celui de la nourrice. 5. Il nâest pas si simple de trouver le ton juste le pire serait dâadopter un ton si neutre quâil nâexprimerait aucun sentiment, ce qui serait particuliĂšrement angoissant. Il faut donc prendre garde Ă ne pas Ă©liminer du ton de la voix toute trace de sentiment il sâagit dâavoir un ton bienveillant, non un ton neutre ou indiffĂ©rent. Notons dâautre part que le fait dâadopter un ton de voix rassurant va organiser la rĂ©gression dans deux directions Le patient va entendre un soignant qui lui parle comme aurait fait sa mĂšre. Cela ne manquera pas de dĂ©clencher chez lui des attitudes semblables Ă celle quâil aurait eue avec sa propre mĂšre, et de le renvoyer dans le monde de son enfance, avec les souvenirs de son enfance. Le soignant qui adopte un ton de voix maternel va se retrouver dans la position quâil adopterait vis-Ă -vis de son enfant, ce qui nâest pas sans danger accessoirement il pourra Ă©galement retrouver des comportements qui tĂ©moignent de ce quâil a vĂ©cu avec sa propre mĂšre.... Identifier et utiliser le sens prĂ©fĂ©rĂ© Il sâagit de ce quâon appelle les canaux de communication. Si on veut vraiment parler la langue dâune autre personne et entrer dans son monde afin de gagner sa confiance, la meilleure façon de faire est dâapprendre Ă percevoir le monde comme elle le perçoit. Pour ce faire, il faut se mettre Ă lâĂ©coute et observer attentivement. Les paroles et les actions finiront par dĂ©voiler lequel de ses cinq sens la vue, lâouĂŻe, le goĂ»t, lâodorat et le toucher la personne utilise le plus dans ses expĂ©riences de la vie au quotidien. Le langage tĂ©moigne facilement du canal de communication prĂ©fĂ©rĂ© de la personne. Il suffit de faire attention aux mots quâelle utilise ils traduisent sa maniĂšre de percevoir le monde. LâexpĂ©rience la plus simple est de faire raconter une scĂšne donnĂ©e, par exemple un mariage. On verra vite que les divers participants sont capables de raconter correctement le mĂȘme mariage mais que chacun insistera dâabord sur des points particuliers La robe de la mariĂ©e Vision Le repas GoĂ»t Lâorchestre Audition Le parfum des tilleuls Odorat Le velours des siĂšges Toucher Mais les choses vont beaucoup plus loin, et sont beaucoup plus subtiles, car la question des canaux de communication imprĂšgne et structure tout le langage. Par exemple pour dire son aversion pour quelquâun, on peut employer des canaux diffĂ©rents Je ne mâentends pas avec lui Audition Je ne peux pas le voir Vision Je ne peux pas le sentir Odorat Il me hĂ©risse ; Toucher Il me dĂ©goĂ»te GoĂ»t Une fois le sens privilĂ©giĂ© connu, lâintervenant qui se sert de la Validation se servira des mots clĂ©s qui correspondent Ă ce sens en sâadressant Ă la personne atteinte. Pour une personne qui utilise plus la vue pour comprendre son environnement, on pourra dire Jâai bien vu ça, moi aussi » ; pour une autre qui utilise plutĂŽt lâouĂŻe, on dira Je vous entends clairement » ; et pour une personne dont le sens du toucher est prĂ©dominant Câest doux, nâest-ce pas ? » et ainsi de suite. Toucher Cette technique sâapplique bien avec les personnes qui Ă©prouvent de la difficultĂ© Ă voir et Ă entendre, dont la perception du temps est affectĂ©e, et qui sont incapables de reconnaĂźtre les gens, peu importe quâils soient des proches ou des Ă©trangers. Le contact tactile devient donc un mode important par lequel on peut communiquer son affection ou du respect Ă ces personnes, ce qui a souvent comme rĂ©sultat de crĂ©er des liens serrĂ©s entre ces personnes et les intervenants utilisant cette approche. Lorsque la personne est encore plus refermĂ©e sur elle-mĂȘme et quâelle ne semble plus se prĂ©occuper de ce qui lâentoure, le toucher permet dâentrer dans son monde ; ainsi des souvenirs agrĂ©ables de la tendre enfance sont ravivĂ©s Ă travers le toucher. Tout en respectant lâintimitĂ© de la personne, on peut, par exemple, faire des mouvements circulaires du bout des doigts sur le haut de la joue ou derriĂšre la tĂȘte. Ou alors, en se servant des deux mains, une sur chaque cĂŽtĂ© du visage, on peut toucher le lobe de lâoreille avec lâauriculaire, et descendre ensuite le revers des mains le long de la mĂąchoire jusquâau menton pour ensuite descendre le long du cou. On peut Ă©galement masser les Ă©paules, le haut du dos, ou toucher le bas du mollet avec le bout des doigts. Il est cependant important de toujours approcher la personne de face car on peut la surprendre en arrivant de cĂŽtĂ© ou par en arriĂšre. Il est tout aussi important de respecter lâĂ©tat dâesprit de la personne en lâapprochant, et dâĂȘtre sensible Ă tout signe de rĂ©sistance car ce ne sont pas toutes les personnes qui aiment ĂȘtre touchĂ©es. Le choix des mots pour crĂ©er la confiance Il faut comprendre ce qui va mettre le dĂ©ment en difficultĂ©. En gros il lui est assez facile de parler de ce quâil voit, nettement moins de ce quâil pense ; il sait dĂ©crire, mais pas analyser. Il faut donc utiliser des mots simples, qui nâouvrent pas la porte Ă des Ă©motions trop difficiles Ă affronter. Par exemple les questions Qui ? Quoi ? OĂč ? Quand ? Comment ? sont assez facilement traitĂ©es par le malade, alors que la question Pourquoi ? la met tout de suite en difficultĂ© le malade se sent acculĂ© au pied du mur lorsquâon lui demande pourquoi il a fait ce quâil a fait, ou pourquoi un Ă©vĂ©nement est arrivĂ©. On lui demande alors de motiver ses gestes ou ses paroles, câest-Ă -dire de rĂ©flĂ©chir sur lui-mĂȘme, ce qui lui est trĂšs difficile ; et sâil le fait il risque de se retrouver sur le chemin de sentiments souvent porteurs dâune grande charge Ă©motive, ce qui va lui faire peur. Naomi Feil donne lâexemple suivant une dame de 80 ans prĂ©tend que quelquâun lui dĂ©robe ses bijoux. PlutĂŽt que de discuter avec elle, sa fille concentre la discussion sur des faits prĂ©cis. Qui accuses-tu de te dĂ©rober tes bijoux, Maman ? », demande-t-elle. La mĂšre est intĂ©ressĂ©e par la question et lui rĂ©pond Câest la femme de mĂ©nage. » Que dis-tu donc quâelle tâa volĂ© ? » demande la fille, en continuant Ă focaliser sur des faits. La derniĂšre chose quâelle mâa volĂ©e, ce sont mes boucles dâoreilles noires celles que Papa mâa donnĂ©es. » Ce sont tes prĂ©fĂ©rĂ©es », rĂ©pond la fille. Papa te donnait toujours de jolies choses. Il savait bien ce qui tâallait le mieux. Quand te les avait-il donnĂ©es ? » Juste aprĂšs notre mariage, pendant notre lune de miel », rĂ©pond la mĂšre. Ici on commence Ă voir ce quâest le mĂ©canisme de validation lâintervenante nâa pas cherchĂ© Ă dĂ©tromper la malade, elle nâa pas cherchĂ© Ă la rassurer ; rassurer la patiente revenait Ă lui dire quâelle avait tort ; or ce qui importe le plus au dĂ©ment câest dâavoir raison. Pour y parvenir lâintervenante a acceptĂ© de ne pas se demander si la colĂšre de sa mĂšre Ă©tait justifiĂ©e elle lui a simplement reconnu le droit dâĂȘtre en colĂšre. Et dĂšs quâelle a vu sa colĂšre validĂ©e, la mĂšre nâen a plus eu besoin, elle a pu cesser dâaccuser la femme de mĂ©nage et il est devenu facile de la faire dĂ©river jusquâau point oĂč elle pouvait se mettre Ă Ă©voquer le souvenir de son mari. Reformuler La personne atteinte se sent comprise si ses mots sont repris par quelquâun dâautre. Cela la rassure. On peut dire la phrase en utilisant les mĂȘmes mots-clĂ©s et en rĂ©pĂ©tant lâessentiel. Imiter le ton de la voix et le dĂ©bit est aussi un excellent moyen de montrer Ă la personne atteinte quâon la comprend et quâon est sensible Ă sa rĂ©alitĂ©. La reformulation est une mĂ©thode Ă part entiĂšre, et une sĂ©ance y sera probablement consacrĂ©e. Naomi Feil donne lâexemple dâun vieil homme qui accuse son garagiste de lui abĂźmer sa voiture ». Cette accusation est totalement fausse, et le garagiste devrait se dĂ©fendre. Mais ce dernier se rend compte que quelque chose ne va pas en fait il a lâintuition que le vieil homme sâidentifie sa voiture ; Ainsi, lorsquâil dit au garagiste quâil ne comprend pas pourquoi sa voiture a besoin de rĂ©parations elle allait pourtant bien la semaine derniĂšre... », il est en rĂ©alitĂ© en train de lui dire sa frustration face au fait quâil ne se sent pas aussi bien quâavant. Sa voiture sert de prĂ©texte Ă masquer ces pertes qui lâaffectent profondĂ©ment. Au fond de lui, le vieil homme sait que sa vue baisse et quâil perd peu Ă peu son sens de lâorientation. Il se sent usĂ©, tout comme la boĂźte de vitesses de sa voiture. Le garagiste sent ce que le vieil homme lui dit vraiment et du coup il nâargumente pas. Il va utiliser une autre technique qui est celle de la reformulation il va simplement rĂ©pĂ©ter les mots du vieil homme, ce qui lui montre quâil lâa entendu, quâil lâa compris, que ses mots peuvent ĂȘtre dits par dâautres ; et cela va encourager le vieil homme Ă aller plus loin, jusquâĂ dire le fond de sa pensĂ©e ce que le malade dit a un sens, cela peut ĂȘtre Ă©changĂ©. Vous mâavez abĂźmĂ© ma voiture. Vous pensez que je vous ai abĂźmĂ© votre voiture ? reformulation Ă©cho Bien sĂ»r ! la semaine derniĂšre elle marchait encore trĂšs bien ! Jâai lâimpression que vous ĂȘtes trĂšs troublĂ© par cela reformulation du non-verbal. Oui, ce nâest pas normal, ce nâest pas parce quâelle est vieille quâelle doit tomber en panne. Ce nâest pas une explication... reformulation ouverture. Non, bien sĂ»r ! Tenez moi jâai quatre-vingts ans, eh bien je suis en pleine forme. Vous vous sentez trĂšs bien. Remarquez, on ne sait jamais... Etc... Utiliser la polarisation Cette technique consiste Ă laisser la personne atteinte exprimer sa frustration sur un objet ou une situation alors que nous savons que ce nâest pas la cause du problĂšme. Par exemple, lorsque la dame se plaint des plats servis Ă table, on lui demande Vous trouvez que câest le plus mauvais jambon que vous ayez jamais mangĂ©, nâest-ce pas ? » Nous savons bien quâau fond, elle en a contre ses dents qui ne lui permettent plus de mastiquer comme avant. Mais en la laissant sâexprimer et sâemporter contre la nourriture, son anxiĂ©tĂ© a diminuĂ© et elle en a ressenti un certain soulagement. Il faut bien comprendre pourquoi cette technique est efficace. Et il y a trois grands mĂ©canismes 1. Dâabord il y a le mĂ©canisme gĂ©nĂ©ral de la validation on a reconnu Ă la dame le droit dâĂȘtre en colĂšre, et câest ce qui importait. Câest la condition pour quâelle puisse Ă©ventuellement dĂ©river vers la vraie cause comme dans lâexemple du bijou volĂ©. 2. Ensuite il y a la validation du subterfuge la grand-mĂšre a sans doute besoin de se dire quâelle est encore capable de sauver les apparences et de duper son monde. 3. Enfin il y a le mĂ©canisme de toute colĂšre la colĂšre est une Ă©motion, qui demande Ă ĂȘtre dĂ©versĂ©e. Une fois cela accompli, la patiente se dĂ©tend. Ăvidemment il est plus facile de tolĂ©rer une injustice contre un jambon que contre un soignant, mais câest une autre question. Imaginer le contraire et faire se souvenir Parfois, il faut essayer dâimaginer le contraire de la situation vĂ©cue » par la personne, ce qui lui permet de retrouver une solution faire se souvenir quâelle a autrefois utilisĂ©e pour rĂ©gler la situation. Ces techniques peuvent redonner confiance en elle-mĂȘme Ă la personne atteinte et en celui ou celle qui lâaccompagne. Par exemple, une malade dit Un homme vient dans ma chambre la nuit. » Utiliser la technique du contraire » câest essayer de lâamener Ă se rappeler les occasions oĂč lâhomme nâest pas venu. Le voyez-vous toutes les nuits ? » La dame, surprise, constate que lâautre soir, quand nous sommes venu la visiter et quâelle a veillĂ© tard, il nâĂ©tait pas lĂ . Pourtant, dĂšs quâelle a Ă©tĂ© seule il Ă©tait revenu. Alors câest seulement quand vous ĂȘtes seule que vous le voyez ? Si nous Ă©tions avec vous tout le temps, cela ne vous importunerait plus ? » La dame acquiesce et raconte quâelle nâa jamais Ă©tĂ© seule de sa vie et combien elle sâest sentie abandonnĂ©e Ă la mort de son mari, qui avait toujours Ă©tĂ© Ă ses cĂŽtĂ©s. Doucement, on demande Ă la dame ce quâelle a fait Ă ce moment-lĂ pour se sentir moins seule faire se souvenir. Elle rĂ©pond quâelle passait ses nuits entiĂšres Ă regarder les vieilles photos de son mari en Ă©coutant la musique quâil aimait. On voit facilement comment cette technique fonctionne le fait dâimaginer le contraire permet Ă la personne ĂągĂ©e de prendre de la distance vis-Ă -vis de la situation angoissante. En Ă©voquant une situation oĂč lâhomme nâest pas lĂ on permet Ă la dame de constater quâil nâest pas toujours lĂ et que donc il nâenvahit pas tout lâespace il y a de la place pour penser Ă autre chose. La technique du souvenir est beaucoup plus banale ; encore faut-il bien comprendre ce quâon fait quand on lâutilise. Au moment du grand Ăąge, il nâest plus possible dâapprendre des façons nouvelles de se dĂ©brouiller ». Lâavenir, mais aussi le prĂ©sent sont des mondes angoissants. Par contre parler du passĂ© est un excellent moyen dâinstaurer un climat de confiance. Cela aide Ă©galement Ă sâadapter Ă une situation de crise, Ă un stress ou Ă une vive Ă©motion. Cela nâest pas simple il nâest pas si facile de parler du passĂ© Ă quelquâun Ă qui la mĂ©moire commence Ă faire dĂ©faut. Mais enfin dans la mesure oĂč le patient se souvient, et surtout dans la mesure oĂč on ne le confronte pas Ă ses Ă©checs, on peut arriver Ă le sĂ©curiser. Naturellement ces deux techniques sont employĂ©es lâune Ă la suite de lâautre. Utiliser lâambiguĂŻtĂ© Lorsque la personne atteinte utilise des mots incomprĂ©hensibles, lâintervenant qui connaĂźt la Validation peut prendre part Ă la conversation sans la contredire. Ainsi, lâintervenant se sert du mot inconnu, mais en le remplaçant par il », elle », on » ou par câĂ©tait ». Par exemple, Ă une personne qui se plaint en disant Ces catawalks me font mal ! », lâintervenant peut rĂ©pondre OĂč vous font-ils mal ? », le pronom ils » remplaçant le mot inconnu catawalks ». Ă une autre personne qui dit Jâai chuftĂ© avec les mounnets », on pourra rĂ©pondre Et câĂ©tait agrĂ©able ? Que vous a-t-on dit ? » Les mots ils », elles », on », câĂ©tait » etc. sont utilisĂ©s pour remplacer les mots inconnus du dictionnaire. De cette façon, la communication est maintenue et la personne atteinte se sent comprise. Elle a lâimpression dâĂȘtre une interlocutrice valable dans la discussion. Mais cette technique nâest utilisable quâĂ condition de lâavoir bien comprise il ne sâagit en aucun cas de se moquer de la personne. Il sâagit au contraire dâune Ă©coute particuliĂšrement subtile essayer de comprendre de quoi on nous parle alors que les mots sont perdus ; essayer plus encore de sentir quelles sont les Ă©motions de lâautre alors mĂȘme que nous ne savons pas ce qui lâĂ©meut. Il sâagit en somme du vĂ©ritable accompagnement accompagner lâautre câest accepter dâaller avec lui alors quâon ne sait pas oĂč il va. Observer, puis copier les mouvements et les Ă©motions de lâintĂ©ressĂ© Naomi Feil appelle cela la technique du miroir ». Cette technique permet Ă lâintervenant dâentrer dans le monde Ă©motionnel de la personne. Elle sert Ă tisser un lien de confiance avec une personne atteinte qui ne sâexprime plus verbalement, afin dâĂ©viter quâelle se replie totalement sur elle-mĂȘme. Pour ce faire, lâintervenant observe soigneusement lâattitude, les yeux, les expressions du visage, la lĂšvre infĂ©rieure, lâallure gĂ©nĂ©rale, les mouvements rĂ©pĂ©titifs, etc. de la personne atteinte. Lâintervenant cherche ensuite Ă accorder son attitude, ses gestes et sa respiration Ă ceux de la personne Ă valider. La technique du Miroir » effectuĂ©e avec empathie devient un outil prĂ©cieux pour crĂ©er ce climat de confiance indispensable au mieux-ĂȘtre de la personne atteinte. Voici le tĂ©moignage que livre Naomi Feil sur lâutilisation de cette technique Mildred Hopkins, ancienne secrĂ©taire dâavocat, ne sâest jamais mariĂ©e. Elle a travaillĂ© pour le mĂȘme cabinet pendant 45 ans. Aujourdâhui, Ă 86 ans, [...], elle a besoin nĂ©anmoins de rester active. Le travail a toujours Ă©tĂ© son unique source de dignitĂ©. Se voyant en esprit devant sa machine Ă Ă©crire Underwood, elle retrouve les gestes du passĂ© et remue rapidement les doigts pour achever de taper ce que son patron lui a dictĂ©, avant quâil ne se rende au tribunal. Lâintervenante qui utilise la Validation imite les mouvements de doigts de Mildred. Cette derniĂšre voit les doigts de son imitatrice reproduire le rythme des siens. Elle lĂšve les yeux. Leurs regards se croisent. Elles tapent ensemble. Avec admiration, lâintervenante sourit Ă Mildred Combien de mots-minute pouvez-vous taper ? », lui demande-t-elle. 92 ! » rĂ©pond Mildred avec fiertĂ©. Câest le premier mot quâelle prononçait depuis son entrĂ©e Ă la maison de santĂ©, 6 mois plus tĂŽt ». En copiant ses mouvements, lâintervenante qui sâest servi de la Validation a créé une complicitĂ© avec elle. RassurĂ©e sur le plan relationnel, Mildred commença Ă sâextĂ©rioriser. Son Ă©locution revint peu Ă peu et elle sembla retrouver de lâintĂ©rĂȘt pour ce qui se passait autour dâelle. Associer le comportement avec les besoins insatisfaits ou les besoins exprimĂ©s Il sâagit ici de reconnaĂźtre que le comportement de la personne atteinte exprime, dâune façon ou dâune autre, lâun des trois besoins fondamentaux de lâĂȘtre humain ĂȘtre aimĂ©, ĂȘtre utile et le besoin dâexprimer les fortes Ă©motions. Tout le problĂšme est donc de savoir quels sont les besoins exprimĂ©s par tel ou tel comportement ; on peut y parvenir en observant le malade, et lĂ encore en Ă©coutant le sentiment qui sâexprime pendant le comportement. ConsidĂ©rons par exemple un patient qui passe ses journĂ©es Ă frotter les meubles a une raison de le faire. Le soignant peut rĂ©agir de trois maniĂšres 1. Il peut essayer dâempĂȘcher le malade de frotter au motif que câest sale. 2. Il peut laisser le malade Ă son comportement sans chercher Ă lâinterprĂ©ter. 3. Il peut enfin essayer de percevoir lâĂ©motion ou le besoin associĂ© au comportement. Dans ces dernier cas, sâil parvient Ă comprendre ce qui se passe, il va pouvoir aider le patient en lui parlant de ce qui se passe. Utiliser la musique La musique fait appel aux Ă©motions. Et les Ă©motions sont ancrĂ©es bien loin dans la mĂ©moire affective de la personne. Ce qui fait que souvent, les gens qui ne parlent plus sont quand mĂȘme capables de chanter une chanson de leur enfance. AprĂšs avoir entendu puis chantĂ© une mĂ©lodie familiĂšre, des personnes atteintes qui ne parlaient plus du tout sont parfois capables de dire quelques mots ; en toute hypothĂšse elles sont le plus souvent trĂšs attirĂ©es par la musique, le rythme, et cela les calme le plus souvent trĂšs bien. EN GUISE DE CONCLUSION Il est facile de voir que la Validation nâest pas une mĂ©thode, mais une succession de techniques, certaines Ă©videntes dâautres moins, certaines originales dâautres moins, et que tout cela ne va pas trĂšs loin. Mais il reste une idĂ©e fondamentale, qui doit ĂȘtre connue et mise en pratique il importe de reconnaĂźtre au dĂ©ment le droit Ă la parole, et surtout le droit Ă sa parole. Ce quâil nous dit nâest pas conforme aux rĂšgles habituelles de la logique et de la communication ; cela ne signifie en rien quâil nâa pas quelque chose Ă nous dire. Lorsquâun patient est empĂȘchĂ© de parler, par une aphasie ou une trachĂ©otomie, nous savons dire que notre devoir est dâessayer par-dessus tout de le comprendre ce nâest pas parce quâil nâa plus accĂšs au langage quâil nâa rien Ă dire. De la mĂȘme maniĂšre le dĂ©ment nâa plus accĂšs Ă la parole ; pour autant ce serait une erreur que de croire quâil ne pense pas. La mission du soignant est alors de comprendre le dĂ©ment autant quâil est possible ; pour cela la premiĂšre chose Ă faire est de lui faire confiance il faut avoir confiance dans son aptitude Ă penser, Ă communiquer, mĂȘme si câest un peu difficile. Lâobjectif de la Validation nâest rien dâautre.
ValidationLamĂ©thode de Naomi Feil pour une vieillesse pleine de sagesseAider et accompagner les grands vieillards dĂ©sorientĂ©s« Je dois rentrer pour nourrir mes enfants ! »« Madame Kessler, vous ne pouvez pas rentrer chez vous. Vos enfants ne sont pas lĂ . Vous ĂȘtes maintenant Ă la maison de retraite de Montefiore. »« Je le sais, ne soyez pas idiote. Câest pour ça que je dois
Cette formation vise Ă favoriser chez les soignants des comportements plus appropriĂ©s dans leur accompagnement auprĂšs des personnes ĂągĂ©es en perte dâautonomie cognitive et Ă les soutenir dans leur tĂąche en leur proposant une approche large et concrĂšte. Elle propose, en amont de la prise en charge, un questionnement sur les besoins et les motivations des soignants et, en aval, une rĂ©flexion sur lâapplication de ces mĂ©thodes au travail en Ă©quipe dans le contexte institutionnel des MRS. Elle envisage le soin relationnel sous un triple aspect comportemental, affectif et cognitif. Il s'agit d'amĂ©liorer lâaccompagnement et la communication en maintenant une vie relationnelle. Cette triple approche permettra de prendre soin de la personne ĂągĂ©e dans sa globalitĂ©. Objectifs Cette formation vous permettra de Mieux comprendre le fonctionnement de la personne ĂągĂ©e fragilisĂ©e niveau cognitif; DĂ©velopper intuitivement des conduites adĂ©quates pour comprendre et communiquer avec les personnes ĂągĂ©es niveau comportemental; AmĂ©liorer votre relation avec la personne ĂągĂ©e niveau affectif. Public cible Chefs-infirmiers, infirmiers, rĂ©fĂ©rents pour la dĂ©mence, aides-soignants, assistants sociaux. Formateurs Marie-Claire Giard, assistante sociale, formatrice certifiĂ©e en Validation Feil et administratrice de lâAPVAPA association française pour la promotion de la Validation. Formatrice au Centre Rhapsodie via lequel sont dispensĂ©s les cours de soins relationnels et les cours de Validation selon Naomi Feil depuis 30 ans. Informations pratiques Si la formation est organisĂ©e en prĂ©sentiel Le prix comprend la participation Ă la formation, les supports pĂ©dagogiques, les pauses-cafĂ© et le lunch Ă©ventuel. Quelques jours avant la formation, un mail vous sera envoyĂ© afin de vous rappeler les aspects pratiques et prĂ©ciser, si besoin, quelques points dâorganisation. Si la formation est organisĂ©e en distanciel La participation Ă la formation nĂ©cessite que vous disposiez d'un ordinateur connectĂ© Ă Internet avec des haut-parleurs ou un casque. IdĂ©alement, nous vous conseillons de tĂ©lĂ©charger lâapplication en cliquant ici ou d'utiliser une version rĂ©cente du navigateur Chrome. Avant la formation, vous pouvez tester vos haut-parleurs ou votre casque en suivant ce lien votre connexion Ă la plateforme zoom Au plus tard la veille de la formation, un mail vous sera envoyĂ© afin de vous rappeler les aspects pratiques et prĂ©ciser, si besoin, quelques points dâorganisation. PARTENAIRES
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L'approche dĂ©veloppĂ©e par la gĂ©rontologue Naomi Feil engage, au travers de la validation, Ă changer de regard sur la personne souffrant de troubles cognitifs et sur la relation Ă Ă©tablir avec elle. Avec un constat essentiel il ne sâagit pas de chercher du sens de ce qui est fait ou dit par une aĂźnĂ©e dĂ©sorientĂ©e, mais de reconnaitre quâil y en a un. 2022 - Cours 22 1 jour Freddy Clavijo MĂ©decin gĂ©riatre et formateur en validation, ancien mĂ©decin-chef de l'HĂŽpital du Jura, site de Porrentruy AmĂ©liorer la communication pour maintenir des liens authentiques avec la personne ĂągĂ©e dĂ©sorientĂ©eContribuer Ă restaurer le sentiment de la valeur personnelle et rĂ©duire l'anxiĂ©tĂ© chez la personnes ĂągĂ©e dĂ©sorientĂ©e Les Ă©tapes de la Validation de Naomi FeilLe trĂ©pied de la Validation savoir-ĂȘtre, bases thĂ©oriques et savoir-faireLes techniques de base pour la communication verbale et non verbale Apports thĂ©oriquesExercice pratique par des jeux de rĂŽles ou par le biais de sĂ©quences vidĂ©osDiscussion et Ă©change dâexpĂ©riences Toute professionnele quel que soit le secteur soins, animation, hĂŽtellerie-intendance, administration CHF ANEMPACHF CCT SantĂ© 21CHF ExterneLe repas est compris dans le prix de la formation. Vendredi 23 septembre 2022
Reconnueet utilisée dans le monde entier, la Validation de Naomi Feil est une méthode d'accompagnement pour les personnes ùgées atteintes de la maladie d'Alzheimer ou de maladies apparentées. Dans cet ouvrage, Vicki de Klerk-Rubin met la Validation à la portée du plus grand nombre et des familles des malades en particulier.
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â Ă©toiles sur 5 de 595 avis2005-01-15Validation mode d'emploi Techniques Ă©lĂ©mentaires de communication avec les personnes atteintes de dĂ©mence sĂ©nile de type Alzheimer. - de Naomi Feil, François Blanchard, Jacques Roux-Brioude AuthorCaractĂ©ristiques Validation mode d'emploi Techniques Ă©lĂ©mentaires de communication avec les personnes atteintes de dĂ©mence sĂ©nile de type ligne ci-dessous contient des dĂ©tails complĂ©mentaires du Validation mode d'emploi Techniques Ă©lĂ©mentaires de communication avec les personnes atteintes de dĂ©mence sĂ©nile de type Titre Du FichierValidation mode d'emploi Techniques Ă©lĂ©mentaires de communication avec les personnes atteintes de dĂ©mence sĂ©nile de type de Parution2005-01-15TraducteurJiayi HannielNumĂ©ro de Pages434 PagesTaille du MBLangueFrançais et AnglaisĂditeurTor BooksISBN-100031187407-JRTType de DocumentePub PDF AMZ HWP PPTCrĂ©ateurNaomi Feil, François Blanchard, Jacques Roux-BrioudeISBN-13799-3018117473-EEKNom de FichierValidation-mode-d'emploi-Techniques-Ă©lĂ©mentaires-de-communication-avec-les-personnes-atteintes-de-dĂ©mence-sĂ©nile-de-type-Alzheimer..pdfTĂ©lĂ©charger Validation mode d'emploi Techniques Ă©lĂ©mentaires de communication avec les personnes atteintes de dĂ©mence sĂ©nile de type Alzheimer. Livre PDF GratuitDĂ©couvrez Validation mode demploi Techniques Ă©lĂ©mentaires de communication avec les personnes atteintes de dĂ©mence sĂ©nile de type Alzheimer le livre de Naomi Feil sur 3Ăšme libraire sur Internet avec 1 million de livres disponibles en livraison rapide Ă domicile ou en relais 9782907516969Validation mode demploi Techniques Ă©lĂ©mentaires de communication avec les personnes atteintes de dĂ©mence sĂ©nile de type AlzheimerValidation mode demploi Techniques Ă©lĂ©mentaires de communication avec les personnes atteintes de dĂ©mence sĂ©nile de type Alzheimer Techniques Ă©lĂ©mentaires de communication avec les personnes atteintes de dĂ©mence sĂ©nile de type AlzheimerNaomi Feil Validation mode dâemploi techniques Ă©lĂ©mentaires de communication avec les personnes atteintes de dĂ©mence sĂ©nile de type Alzheimer Paris Ă©dValidation mode demploi Techniques Ă©lĂ©mentaires de communication avec les personnes atteintes de dĂ©mence sĂ©nile de type Alzheimer gratuit pdf Mobilism Validation mode demploiValidation mode demploi techniques Ă©lĂ©mentaires de communication avec les personnes atteintes de d de Naomi Feil et dautres livres articles dart et de collection similaires disponibles sur Validation mode demploi Techniques Ă©lĂ©mentaires de
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